Satire sur des ambulances

L’or, même en sa laideur, donne un teint de beauté
Disait l’ami Boileau sans crainte de fauter
Car la’or, comme l’argent, embellissent les gens
Ou leur donnent du moins un lot de courtisans
Tel répugnant, gros, laid, réputé comme porc
Pendant nombre d’années, fut célébré si fort
Qu’on le fit parangon des fA?tes d’Hollywood
Alors qu’il consommait starlettes en fastfood
Un autre, politique, expert en la finance
Et se voyant déjà président de la France
Fricotait en Belgique avec des malfaisants,
Femmes on lui offrait comme graine à faisan,
Une attitude un jour très inappropriée,
Qu’il eut en Amérique avec une employée,
Un viol plus qu’avéré, lui préta des millions
De dollars, et surtout quelques humiliations
La principale étant de rentrer dans le rang,
Mais de prison, na’en parlons plus, fermons le ban.
Car pour les tout puissants de richesse pourvus
L’oubli da’immunité n’est pas du tout prévu
Les journaux les médias n’aiment que ce qui brille
La dorure souvent la pire ordure habille
Et quand elle s’écaille on détourne les yeux;
La justice ne vaut que pour les gens de peu.

Larissa

Violet, fut le rayon de tes yeux, l’oméga
De Rimbaud, toi divine, au regard si profond
Que des soleils noyés en abymes sans fond
Pailletaient de lueurs dorées en agrégats

Capables d’attirer tant d’amours renégats
Se perdant aux mystères  les jours se défont
 devient sans valeur tout ce que nous offrons,
Rien ne reste de toi que ce que tu léguas:

Ton visage et tes mots, ton sourire et ta voix,
Éternelle beauté, digne d’un haut pavois
Je te rends mon hommage en ce superbe automne

les arbres en feu s’allument sur tes pas,
A Paris, Yssingeaux, et jusqu’au Kamtchatka
Mêlant l’orange au vert, le rouge avec le jaune

Un souvenir

 

Ils ont ramassé des pierres, des grosses, des moins grosses,
des rondes, des tranchantes

 

La tache dorée prend sa forme, j’en trace le contours
en orientant la feuille pour guider gouttelette sombre
Et ce fut au séchage comme une gueule dévorante,
absorbant un soleil fondant
Et puis je vis un ours au pays des inuit.
Un ours blanc, qui est jaune sur la page banquise
rien ne pêche, hormis les mots que l’on dégèle.

Mais voilà que plus haut, je distingue un œil bleu
Qui change la silhouette,
Certes il manque la trompe et les grandes oreilles

Ils ont ramassé des pierres, des grosses, des moins grosses, des rondes des tranchantes

Oui, c’était à Thoiry, dans l’ombre des années
Je ne sais plus ni quand, ni avec quel enfant
Ou femme d’autrefois,
Mais je me souviens bien du geste de ces grands
Mammifères captifs,
Au-delà du fossé
Sans barrières, sans murs,
Ils se tenaient au bord
De leur grand promontoire
Et ramassaient des pierres
Avec leur trompe habile

des grosses, des moins grosses
Des rondes, des tranchantes

Et les jetaient vers nous,
La plupart au ravin
Quelques-unes plus loin,
Presque nous atteignant
Les visiteurs perplexes
Allaient se reculant

Spectacle triste et violent
De prisonniers se révoltant

La vie idéale

J’aimerais habiter
Une maison aimée
La maison de l’enfance
La maison des vacances

Bord de l’eau, bord de mer
Loin des chagrins amers
Les rires des enfants
Remonteraient le temps

Musiques et chansons
Quelques bons compagnons
Amis, frères et soeurs
Sucre, sel et odeurs

Le soir, les yeux au ciel
Tous nous regarderions
Grande Ourse et Orion
Et Vénus la plus belle

El Moussib n’nam

Il faut repartir. La piste somptueuse nous envoûte de nouveau: spectacle grandiose de dunes, de falaises lointaines aux couleurs changeantes suivant l’heure de la journée. Notre trajet se déroule sans encombre et comme pour prolonger encore ce moment hors du temps, l’un de nous propose un déour pour atteindre une oasis isolée, loin des chemins battus. Le groupe hésite à quitter l’itinéraire prévu, mais les arguments de l’aventurier en herbe emportent la décision.

La piste qui mène à El Moussib n’nam est très accidentée et le dénivelé est important. Par moments, pour franchir, dans les pentes, des creux et des bosses semblables à des marches, nous devons soulever les véhicules à la force des bras.

El Moussib n’nam, lieu sec, ingrat, aride. Quelques cases se groupent dans la poussière autour d’arbres chétifs. Un homme du village nous emmène à l’écart du village et stupéfaits, nous découvrons une retenue d’eau, une guelta[1]. Mais c’est une guelta de grande dimension, composée de plusieurs retenues, creusées dans la roche de couleur ocre rouge..

L’eau d’un vert émeraude est profonde, assez profonde pour s’y baigner.

Comment expliquer la présence d’une telle étendue d’eau dans ce lieu aux températures caniculaires de mars à octobre ? Encore plus surprenant: notre guide évoque la présence de crocodiles. Légende ou réalité? Les ardeurs des baigneurs se calment soudainement.

La chaleur, le silence, l’isolement m’oppressent. Je songe aux habitants d’El Moussib n’nam, isolés, abandonnés. Qui s’intéresse à leur sort ?

L’heure tourne et il nous faut rejoindre la piste principale avant la tombée de la nuit. Nos trois voitures quittent ce village fantomatique. Il faut pousser les véhicules, la peur au ventre, la peur qu’un cardan pète , la peur de rester bloqués dans cette vallée quasi maudite.

Derrière nous, nous laissons des hommes, des femmes, des enfants, nous les laissons à leur misère, à leur désarroi, à leur vie sans espoir.

Nous nous échappons comme des voleurs, comme des traîtres, nous nous échappons da��El Moussib n’nam, village perdu, surchauffé, oublié.

Et je m’interroge : pourquoi sommes-nous venus jusqu’ici ? Quel désir un peu malsain, voyeurisme peut-être, goût de l’exploit certainement, nous a poussés à ce détour périlleux?

Jusqu’alors, dans cette expédition, notre premier souci était la maîtrise de l’imprévu, de l’approximatif, et cela me convenait. Il a suffi du défi un peu fou de l’un d’entre nous pour nous mettre tous en danger.

[1]Guelta: plan d’eau temporaire ou pérenne, sans écoulement apparent.

Si la matière grise était rose, on aurait moins les idées noires.

Mais elle est bien rose, notre matière grise. Dans notre citrouille, je vois une jolie cervelle rose nacrée, de la couleur de celles que j’aime manger, bien dorées dans leur robe de farine. Jolie cervelle rose nacré que découpe le scalpel du laborantin. Va-t-il trouver dans ses circonvolutions des pensées mauves, des pages blanches ou bien une ribambelle de synapses argentées s’accrochant les unes aux autres, en rangs serrés pour établir de nouvelles connexions arc-en-ciel?

Au lieu de broyer du noir, de noircir le trait ou le tableau, nous verrons la vie en rose ou bien en fuchshia, ou en hortensia. 

Dans le noir, toutes les couleurs s’accordent

Soulages

 

Quand se fait le noir, sous ses yeux bandés, odeurs et sons
arrivent en vrac, rien ne s’accorde. Arômes fleuries ou vanillées, fumets poivrés, effluves chocolatées, senteur balsamique, sauces musquées ou piquantes. Surgissent des notes cristallines, de la musique andalouse, une mélodie tzigane, une voix d’opéra. Nuit noire, cocktail de saveurs, de teintes et de notes, palette olfactive, émulsion musicale, gamme aromatique, qui l’emporte ?

 

Soulages

? Dans le noir toutes les couleurs s’accordent  mais qu’en est-il de la sensualité si subtile du noir, volatile, fragile ? La couleur noire nous dévoilera-t-elle sa gamme de nuances ? Serait-elle un écrin où se fondent les coloris, où s’assemblent les pigments, où se
dissimulent les nuances, où toute autre couleur disparaîtrait
à jamais ? 

Le Râdome

Au cœur de la ville, près du fleuve Rhône, s’est posé un dôme, blanc, monumental, sur la grande place il en impose.

Longer le Râdome par un chemin de bois, marcher, entendre la ville et soudain être invitée par le son des vibrations musicales.

Échappées du dôme, entrer sous la coupole, s’asseoir au bord d’un bassin aquatique aux eaux bleues, s’étonner, regarder circuler les notes de musiques déposées à fleur d’eau, elles carillonnent, elles se déplacent et s’entrechoquent au gré de leur croisement, elles flottent…coupes de porcelaine blanche, unies par des sons, dispersées par des ondulations aquatiques.

Je savoure la valse de ces mélodies de bohème aux résonances cristallines. 

La vie idéale

Grand-mère serait là, le cheval aussi
Courent les poules grognent les cochons
Du pigeonnier volent les tourterelles
Des arbres du silence et un puits.

Grand-père au champ près de sa vigne
Des hirondelles sous les poutrelles
Vaches en prairie le lait dans l’écuelle
Au soleil couchant un vol de cygnes. 

Un roc

Massemblumoi reste perché sur un roc brun dominant l’anse Blionassemu, village en bord de mer, abandonné, où seul vit encore un ermite. Les rues pavées ne longent que des maisons de pierre effondrées aux toits béants. La chapelle romane plutôt bien conservée domine, refuge des rapaces des pigeons voyageurs et des mulots. La bergerie de l’ermite, à l’écart du bourg, attire par son abreuvoir d’eau fraîche. La montagne n’est pas loin.

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