Archives de catégorie : SYLVAIN

Regroupement de tous les textes de Sylvain

Des livres, des machines et des gens.

 

Je ne sais pas à la vue de ce superbe reportage de photographies de Christine dans quel ordre écrire le titre. Les mathématiques me disent naturellement que je dispose de 6 combinaisons en prenant la factorielle de 3 :
Livres, machines, gens
Livres, gens, machines
Machines, livres, gens
Machines, gens, livres
Gens, machines, livres
Gens, livres, machines

C’est une atmosphère, une odeur d’encre, de papier, une infinité de sons. Le cliquetis des lettres de haute et basse casse, les martèlements et le souffle asthmatique de la Heidelberg, le crissement huileux du bras pour régler la vitesse d’impression, le clic-clac de la machine à coudre, le feulement de la guillotine du massicot. Les voix de Laurine, de Monique et de Benoit.
Un orchestre de musique de chambre pour élaborer au milieu des épicéas, des épilobes en été, de l’humus et des champignons en automne, de la burle en hiver et des jonquilles au printemps la plus belle invention de l’homme : le livre.
Des mots, des lettres, des illustrations sont figés là pour l’éternité non pour prendre la poussière, non pour être mangés par des xylophages mais pour faire rêver, frémir, pleurer, rire et transmettre le savoir. Ce savoir, compagnon indispensable de la connaissance et à la quête de la vérité.

Sylvain
15 juillet 2925

Des cerfs-volants

Des cerfs-volants

Des cerfs-volants fuyants qui ne servent à rien
Des parapentistes qui se prennent pour Icare
Des crapauds croissants qui forniquent dans leur mare
Le Queyras n’a plus ses valeurs de gens de bien

Les hauts sommets se méritent avec pieds et mains
Seuls ceux qui sont prêts à mourir dans le brouillard
Peuvent attendre l’Olympe des vrais montagnards
Touiller le pain de la fondue dans ledit vin

Une vache meugle dans le pré du papé
Un âne hennit fort en montant sa dulcinée
Un berger jouit avec son amant des sous-bois

Le torrent cascade de rocher en rocher
L’hollandaise se baigne nue et sans effroi
Sous le voile de la mariée du névé

Sylvain
Aix-les-Bains
Le 31 juillet 2025

Le boulanger du camping

Un boulanger bleu au camping des mélèzes
Un homme vert en kilt rouge achète un croissant
Jean taille un bâton gris de marche bondissant
Papy dans la sente gambade toute à son aise

Le boulanger du camping gagne du pèse
L’homme voit son kilt rouge soulevé par le vent
Jean commente les dessous du mec peu balaise
Une hollandaise vegan au teint rougissant

Papy disserte sur les effets du Wokisme
Et regrette les joies du communautarisme
Jean refait le monde avec la douce Élodie

Les fa-dièses chahutent avec Riri
La vie en pleine nature se reflète en prisme
L’homme vert en kilt est un gourou du sexisme

Ceillac, le 28 juillet 2025
Sylvain

Le lac du miroir

 

Photo de Sylvain : lac du miroir Hautes-Alpes 24 aout 2017 ; ma dernière randonnée en montagne ; en descendant mon genou était fusillé

Le lac du miroir où pareil à Narcisse
Tu te contemples aux reflets de l’onde pure
Tes amis font un barbecue aux saucisses
Avec du ketchup et des herbes de nature

Le lac en forme de croissant turc ou suisse
Clapote au vent des pics en battant la mesure
Des gamins sur les névés jouent à la glisse
Avec des sacs poubelles ou leurs chaussures

Dès l’été Les glaciers fondent dans les ajoncs
Des marmottes sortent de leur hibernation
Les aigles kamikazes foncent sur leur proie

Le lac de montagne où pissent les chamois
Les bouquetins et les randonneurs en émoi
Un pêcheur taquine des ablettes et goujons

Sylvain
Aix-les-Bains
23 Juillet 2025

Cascade

Cascade de la Vis
Où tu perdis ta vie
Cascade où je prie
Le jour et la nuit
Bonheur du cœur
Malgré la fureur
De son malheur
Mère des douleurs
Espérance vécue
Dans le Christ
Gloire au travail
Sur Soi en Fraternité
Espérance vécue
Dans la Lumière
En toi le germe
Du Yod éternel
L’énergie de l’Esprit
Nourrit chaque cellule
La Lumière originelle
Irradie tout corps meurtri

Sylvain Josserand
7 mai 2025

Guerre et Paix

Chaque situation quelle qu’elle soit, a eu sa raison d’être dans le chemin de ma vie.
J’ai relevé cette phrase dans l’une des lettres d’une personne détenue avec qui j’ai un échange épistolaire régulier, depuis deux ans, via le courrier de Bovet.

À l’ombre de ses barreaux, ce monsieur, dont je connais presque rien sur ses antécédents judiciaires, professionnels et familiaux — je ne sais pas son âge — est source pour moi d’un questionnement personnel.

Il évoque ici un sujet souvent débattu en philosophie : le déterminisme. Est-ce que les choses qui m’arrivent sont écrites à l’avance ? Suis-je prédestiné ? Est-ce que c’est mon karma comme le pensent les Bouddhistes ?

Ou bien, est-ce qui m’arrive dans la vie de positif, de négatif, voir de catastrophique est de mon seul fait ? Quels sont les effets réels de mes actions et de mes pensées sur le cours de ma vie ?

Je n’ai aucune réponse à toutes ces questions.
Qui en a ? Les gourous ? Les penseurs dogmatiques des diverses religions ? Les coachs en développement personnel ? Les économistes ? Les chefs d’État ? Les dirigeants des multinationales ? Les influenceurs qui manipulent l’information grâce à l’IA ? Les journalistes des médias en continue ?

Les événements heureux ou malheureux sont-ils des leçons de vie ? Dois-je les vivre dans la joie ? Dans l’enthousiasme ? Dans désespoir ? Dans la révolte ? Dans la colère ? Ou dans l’espérance ? C’est là mon libre-arbitre.

Dois-je jalouser celui qui semble mieux y parvenir que moi car il a plus de talent, plus d’intelligence ou de savoir-être, d’avoirs à la banque, pour mener sa barque de sa naissance jusqu’à sa finitude ?

Ma seule certitude : c’est que se poser ce type de question pourrait être, déjà, un gage de paix dans les familles, les associations, les entreprises et entre les peuples.

Depuis 8 000 ans on nous apprend à faire la guerre, à bâtir des fortifications, à inventer des armes de plus en plus sophistiquées, à faire la compétition dans les arènes du cirque ou dans les entreprises — à tuer l’autre. 0n se croit propriétaire d’un petit lopin de terre, de quelques m2 dans un quartier huppé et même de notre sépulture. Alors que nous ne sommes que les locataires d’une planète qui appartient au système solaire et dont la durée de vie restante est estimée à 2,5 milliards d’années. Nous avons connu cinq extinctions ; nous sommes actuellement dans la sixième extinction.

Depuis plus de 8 000 ans, on suit aveuglement les pires tyrans, les dictateurs les plus fous, les patrons le plus avides mais on met dans des ghettos, on crucifie, on assassine, on torture, on maintient en prison, on gaze et on anéantit dans des fours les porteurs d’une loi d’Amour et d’espérance.

Ma seule certitude : changer de lunettes et remplacer les piles de mon sonotone.
La paix, la prospérité, la liberté de circulation pour les peuples, la fin de la faim, l’extinction du capitalisme mortifère ne pourraient être envisageables que si je suis en capacité de me mettre à l’écoute de l’autre. Ce qu’il possède je ne le possède pas. Son talent est le sien. Son intelligence, sa culture et ses avoirs lui sont propres. J’ai d’autres choses à partager avec lui.

En ce lundi de pâques : c’est la mort de mon ego sur la croix dans la lumière divine ; c’est le temps de la médiation silencieuse dans les enfers de mes nombreux défauts et de ma dépression ; un lent cheminement vers la Connaissance pour mieux apprendre à me méfier des pièges du Satan ; découvrir en moi le scintillement du germe divin ; puis enfin l’Éveil de la conscience.

Au quotidien, c’est pour moi, en toute humilité la nécessité d’être un messager en paroles, en pensées et en actions de cette loi d’Amour universelle par ma peinture, ma poésie, mon objection de conscience et mon ouverture aux autres.

Sylvain Josserand
Aix-les-Bains
Le 21 avril 2025

Mary au balcon

Dans son jardin d’Eden
Mary la souveraine
Sourit à la vie

Mary au balcon
Des glycines à foison
Joie dans tous les coeurs

Jaune, rouge, bleu
Éclats d’un printemps radieux
Sourir’o balcon

Mary a monté les marches
Regard à l’horizon
La vie devant soi

La senteur des fleurs
Le cri-cri des grillons
Mary s’élève

Elle a gravi toutes les marches
Nous l’attendions
Sans jamais perdre espoir

Près de la claire fontaine
Perchée sur son balcon
Mary chantera-t-elle

Mary la soprane
À la claire fontaine
Elle déclame

Reine en son royaume
Toutes fleurs écloses
Elle fait la pause

La reine des prés
En son Ardèche aimée
Nectar du miel

Ranga écrit par Claire, Mary et Sylvain // 10 avril 2025

Manifeste pour la paix

Baignade d’une larme de soleil
Sur le lac, la plage et le ciel
Un gosse chevauche sa draisienne
Un rameur s’époumone
Un Kite-surfeur s’envole
À la cime des vagues glacées
Des retraités déambulent
Le nez emmitouflé au vent
Un pécheur taquine une carpe
Un chien tire un joggeur
Tel un traineau sur la neige
Un sage médite en Zazen

Ailleurs

Les marchands de canon
Les tyrans mortifères
Boivent le sang des innocents
Des miséreux endoctrinés
Aux femmes violées
Aux enfants massacrés

Amis.es dites non à la violence
À la haine dans votre corps
Votre âme votre Esprit
Amis.es dites oui à l’Amour
À la création dans votre corps
Votre âme votre Esprit
C’est cela la Vie

Sylvain Josserand
Aix-les-Bains
2 avril 2025

5éme anniversaire Librairie La Folle Aventure

5ème anniversaire de la librairie la Folle aventure le 18 mai 2024
Des bénévoles
Une folle aventure
Audrey à Trévoux

Audrey prêtresse
De la folle culture
Trévoux en fête

Comment ça? Tu ne connais pas la librairie La Folle Aventure à Trévoux, la capitale des Dombes, dans l’Ain?
Elle existe pourtant depuis 5 ans! Depuis le 18 mai 2019. De nombreux auteurs de la Collection Le Parc y ont signé leurs ouvrages, en présence de son directeur artistique Martial Maynadier et d’Audrey, la libraire.

Les amoureux des livres réagissent au moment de la disparition de l’unique librairie de ladite ville. Cette librairie a-t-elle été emportée par la déferlante d’un fleuve d’Amérique du Sud, au bord duquel vivaient jadis les paisibles Indiens Yanomanis, ou par une chevauchée de Walkyries montées en amazones?

Des bénévoles font leur appel du 18 mai pour trouver des fonds! Je n’emploierai pas ce vilain mot d’anglais que l’on utilise aujourd’hui. Il évoque pour moi les crocs d’un chien plantés sur le gâteau fondant de mes petites économies.

Ces amoureux de la lecture et de la culture pour tous de qualité, mais non élitiste, — vaccinés dès leur plus jeune âge par les vaccins « Jean Dasté » ou « Jean Vilar » — trouvent un local, l’achètent, le retapent et créent une librairie coopérative. Ils embauchent une libraire. Ils procèdent avec elle à la constitution d’un premier stock. Dès janvier 2019, ils tiennent un stand au Salon du livre jeunesse de Trévoux.

L’inauguration de la librairie coopérative est splendide avec de la musique, un atelier d’écriture, des saynètes, une exposition de peintures et un buffet somptueux. Trévoux subit la double influence de la cuisine lyonnaise et bressane. Si elle endure les crues imprévisibles de la Saône, elle est arrosée régulièrement sans modération par les grands crus du Beaujolais.

Je ne vous en dirai pas plus. Lisez avec délectation le livre La Folle Aventure — création d’une librairie coopérative — de Marie-Noëlle Epelly, Collection Le Parc.
Si vous partez en vacances dans le Sud, faites une halte à Trévoux. C’est plus convivial que les aires d’autoroute!

Sylvain Josserand
Aix-les-Bains
19 mai 2024

Libraire Lucarne

Libraire
– Bonjour, m’sieur ! Je voudrais le « Médecin imaginaire »
– T’es sûr ?
– Certain on l’étudie à l’école avec les « Fourtreries d’escarpin ».
– Je vais voir s’il m’en reste en stock.
Albert chausse ses lunettes et consulte l’état de son stock à l’ordinateur.
– Il m’en reste quelques exemplaires à la réserve. Tu peux passer en début d’après-midi !
– C’est urgent. On en parle aujourd’hui en classe.

Malika sort de la librairie toute contente. Elle ne sera pas punie parce qu’elle n’a pas pu acheter le livre exigé par son professeur à temps.

Entre un vieux monsieur au crâne dégarni et appuyé sur sa cane de marche. Il furète dans la librairie. Il parcourt les quatrièmes de couverture des livres en tête de gondole. Ils s’attardent sur d’obscurs spicilèges de poésie, tourne discrètement les pages d’un ouvrage illustré consacré à la prostitution au XIX° siècle à Paris.
– Auriez-vous la traduction par Marco Martella de « Jardins en temps de guerre » de Teodor Ceric’ ?
– Il doit m’en rester quelques exemplaires.
– Vous aimez ?
– Je trouve très originale cette idée qui consiste à faire le portrait d’un auteur à la manière dont il cultive son potager.
– « Il faut cultiver son jardin », disait Voltaire.

Le vieil homme paye à la caisse en comptant avec minutie sa monnaie, puis gagne la sortie.
Entre une mère de famille très bon chic bon genre affublée d’une flopée de bambins blondinets.
– Je cherche un livre pour enfant. C’est pour l’anniversaire de Marie-Audrey.
– La fille de…
– Bien sûr.
– Je vous conseille « Vassilia et le Lechlii », c’est un conte d’inspiration russe.
– Ah ?
– L’auteur est dans la librairie. Il peut vous dédicacer le livre, fort bien illustré d’ailleurs par une professeure des écoles…

La mère de famille se dirige vers le rayon jeunesse. Elle consulte rapidement les ouvrages dans les rayonnages pendant que ses bambins font la sarabande dans la librairie.
– Je prends « Heidi chez son grand-père ». C’est une valeur sure, tout en jetant un regard suspicieux à l’écrivain attablé devant sa pile d’ouvrages invendus.
– L’illustration de Jessie Wilcox Smith est remarquable.

La mère de famille rassemble sa couvée, sort sa carte bleue, tape son code et salue respectueusement Albert, le libraire.

Albert songe alors en la déformant à la citation d’André Malraux . Toute population est imperméable à une autre. Mais les livres restent et nous sommes aveugles devant eux jusqu’à ce qu’un libraire trouve pour chaque lecteur le livre qui lui convient.

Sylvain Josserand  2005