Archives de catégorie : CLAIRE

Regroupement de tous les textes de Claire

Rencontres avec Monsieur Qin

Monsieur Qin nous reçoit dans son domaine, district de Xichang, dans la province du Yunnan, en Chine.
Nous découvrons son pavillon de thé, une invitation au pays du thé, une balade sensorielle.
Harmonie des lieux et du thé, harmonie des gestes du maître de thé lors de la cérémonie, grâce et volupté.

Nous entrons par le patio en bois construit sur pilotis, guidés par les chiens du logis.
Du silence, de la beauté, une maison de thé épurée, au cœur de la plantation de théiers.
Une table à thé, un gaiwan, une verseuse, une bouilloire en terre de Yixing, sous le signe du lapin, des tasses de dégustation. Installés autour de la table, nous entendons chanter l’eau, nous écoutons la voix du maître et sa sommelière raconter leur passion du thé, leur recherche de qualité au fil des années, leur quête quotidienne d’être au plus près des arômes de thé lors du process de fabrication et lors de la cérémonie de dégustation.
Et les arômes du thé de la première cueillette de printemps nous envoûtent réellement.
Nous dégustons des thés rouges, puis un thé Mao Cha de vieux théiers à longues feuilles.


Une rencontre, un thé exceptionnel, un maître généreux, et nous, invités curieux et passionnés.


Balade dans la plantation de théiers, bourgeons et feuilles de thé, quelques fleurs de théiers.

Recevez, Monsieur Qin, nos sincères remerciements. Ce fut un moment exceptionnel pour nous de vous rencontrer sur votre domaine et partager une dégustation de vos thés. Votre maison de thé dégage sérénité et simplicité qui vont de mise avec votre thé, vos choix de vie, votre regard bienveillant en cet instant magique.
Votre jardin de thé est un ravissement pour les yeux et le nez, un paysage inoubliable pour nous tous !

Claire Martial / Lyon / Avril 2025

Mary au balcon

Dans son jardin d’Eden
Mary la souveraine
Sourit à la vie

Mary au balcon
Des glycines à foison
Joie dans tous les coeurs

Jaune, rouge, bleu
Éclats d’un printemps radieux
Sourir’o balcon

Mary a monté les marches
Regard à l’horizon
La vie devant soi

La senteur des fleurs
Le cri-cri des grillons
Mary s’élève

Elle a gravi toutes les marches
Nous l’attendions
Sans jamais perdre espoir

Près de la claire fontaine
Perchée sur son balcon
Mary chantera-t-elle

Mary la soprane
À la claire fontaine
Elle déclame

Reine en son royaume
Toutes fleurs écloses
Elle fait la pause

La reine des prés
En son Ardèche aimée
Nectar du miel

Ranga écrit par Claire, Mary et Sylvain // 10 avril 2025

Un son de cloche

Elle a tout d’une grande
Elle sonne et carillonne
La cloche restaurée
L’éminence grise du village

À portée de main
Au creux de l’oreille
Au choeur du sanctuaire
Elle résonne à nouveau

De bronze façonnée
D’une croix décorée
De bois étayée
Rien ne cloche

Tout près des toits de chaume
Reine en son royaume
A regagné son rang
En l’église Saint Philibert

La belle est baptisée
Bénie entre tous
Des épousailles s’annoncent
Les sonnailles sont de retour.

Claire Martial / Lyon / Mars 2025

Eclats de vers

2025 Publication personnelle de Claire Martial

Trois années d’écriture quotidienne, neuf mois de gestation
LE NOUVEAU LIVRE-NÉ EST ARRIVÉ

Je souhaite à notre livre, aussi unique qu’insolite, aussi inutile qu’indispensable, qu’il prenne le large, hisse sa voile poétique, vous embarque entre ciel et terre, cap sur les rêves, les éclats de vie, un voyage en poésie, en rimes, en ricochets, soyons gourmands.

Claire Martial / Lyon / Décembre 2024

Trêves

Rêver de bleu
En Méditerranée
Voguer entre mer et ciel
Et surfer sur un nuage
Sans peur.

Rêver de blanc
Enveloppé d’écume
Voguer sur le roulis
Et la vague l’emportera.
Sans filet.

Rêver de roses
En pétales écloses
Veiller sur le jardin
Et goûter son parfum
Sans filtre.

Rêver ton sourire
Étreinte en silence
Valser entre tes bras
Et s’aimer
Sans réserve.

Rêver ta voix
Écouter son mystère
Vibrer d’un son à l’autre
En suivant son rythme
Sans douter de rien

Rêver ton regard
Éclat de vie
Voguer sur tes paupières
Étancher tes larmes
Sans fermer les yeux

Songe d’une nuit d’été
Au claire de lune
Sur un autre rivage
Du bord d’un monde à l’autre.

Claire – Lyon février 2025

ALMA

Sous un soleil blafard, cheveux au vent, l’intrépide Alma roule en trottinette tout en scrutant la rivière. Elle ferait bien un tour de barque sur la Saône, peut-être pas jusqu’à Marseille, juste un petit tour, histoire de pagayer à nouveau, humer la rivière au plus près, ressentir son roulis, la vibration de la lumière sur l’eau, côtoyer un couple de cygnes, un héron sur la berge, faire signe à un conducteur de péniche, retrouver du bout des doigts la fraîcheur de l’eau de la rivière bien-aimée.

Alma ralentit l’allure. Sous un parapluie bleu blanc rouge aux larges bords, une silhouette, assise sur un pliant, immobile, regard tourné vers la rivière. Un dos voûté, une tête enfouie dans les épaules, un chien endormi à ses côtés. Une légère brise fait trembler les pampilles accrochées aux baleines du parapluie, ce sont des drapeaux miniatures et multicolores de tous les pays. Alma s’approche et s’assoit en silence dans l’herbe près du chien, regard tourné vers la rivière, un léger vague à l’âme l’étreint. Elle se met à fredonner sa mélodie préférée, les “moulins de mon cœur”. Elle cherche les ronds dans l’eau, le vol d’un cygne, son tambourin et le vent des quatre saisons. Le chien s’éveille et sursaute sous le regard d’Alma. Il se blottit sous le parapluie. Soudain, brusquement, la silhouette se déplie et au bout de son bras, le parapluie se met à tourner, on dirait qu’il va s’envoler le parapluie, il frémit, tourne, tourne, n’en finit pas de tourner, les drapeaux s’agitent, tourbillonnent, les baleines vibrent, la toile se gonfle. Vont-ils décoller ?
— Mince alors, dit la silhouette à voix haute en se rasseyant, je le croyais parachute mon parapluie patriote…acheté au bric à brac de la Fête de l’Air…c’est mon premier essai, demain j’irai plus loin.
— Pour un premier essai, c’est plutôt réussi, dit Alma, tous les drapeaux ont valsé, des moulinets… les moulins de mon cœur, alors merci.

Le chien se rendort, le maître se recroqueville à nouveau, les yeux fermés. Serait-ce la mélodie des moulins de son cœur qu’il fredonne dans sa barbe ?
Alma l’a fait. Sur une carte drapeau aux couleurs de son pays, elle a écrit son prénom,
en lettres majuscules d’imprimerie, aux quatre couleurs de son Bic. Son prénom gravé ainsi flotte au mât du parapluie ombrelle, sur la rive gauche de la rivière Saône. Il ondule au vent, au vent du Sud. Le vœu secret d’Alma serait que ses lettres s’envolent, loin, sans chagrin, jusqu’à son pays natal, là-bas, sur l’autre rive de la Méditerranée !

Claire Martial / Lyon / Février 2024

Et Plumeau est entré dans ma vie

PlumeauEt Plumeau est entré dans ma vie. Il a débarqué par une soirée de Décembre, c’était inattendu, inespéré même, Noël ayant déjà trépassé !
Un beau gars, faut bien le reconnaître, un brun venu du Sud, de Marseille précisément. Le teint métissé, une belle allure, et dans sa chevelure ébène, une touffe de blanc, insolite, qui lui donne un charme fou ! Sculpté en bois de frêne,
il en impose tout de même !

Ce qui est surprenant voire inexplicable dans notre rencontre, c’est que je n’ai
jamais désiré qu’un tel énergumène entre dans ma vie. Sa principale qualité –
vertu même – est de dénicher et chasser la poussière, partout où il passe, toute
la poussière : il la soulève, la disperse, l’engloutit façon ogre. Il est inépuisable.
Pas le temps de se dérober la poussière !

Chez moi, depuis toujours, oui toujours, la poussière est mon principal ennemi,
mais je fais tout ce qu’il faut pour l’ignorer, d’ailleurs je ne la vois pas, nous
cohabitons malgré tout en bonne entente. Alors imaginez un peu, depuis tout ce
temps, les teintes de gris cendré des étagères de livres, de gris souris en haut
de l’armoire, de gris taupe sur les plintes, de gris noir au fond des placards, de
gris perlé sur le bureau, de gris acier sur l’ordinateur, cinquante nuances de
gris…

Je sens que ma vie va changer avec plumeau à mes côtés, un petit coup de
plumeau par ci, un petit coup de plumeau par là, comment vais-je pouvoir
assumer ce tourbillon dans ma vie ? Un plumeau et tous mes grains de poussière
disparaissent ? Plumeau, deviendra-t-il au fil du temps, mon éminence grise, ma
matière grise ? Fera-t-il grise mine à la longue ? Entrerons-nous en zone grise,
de monotonie, de plomb, de muraille… je m’interroge. Puis-je me laisser griser
par lui, deviendra-t-il mon gris-gris préféré ? Mon plumeau est empreint de
mystère, j’apprécie sa douceur, j’admire son efficacité jointe à sa modestie, et
je dois bien admettre qu’il a établi un nouvel ordre ouaté du monde qui
m’entoure, encore un peu flou pour moi à vrai dire.

Sur un arbre perché

Pour tout bagage, Dame Héron tient en son bec un fragment de barbe de palmier du jardin exotique de la famille Campagne, au bord de la rivière Ain. Ce palmier éventail aura bien la fibre voire la palme pour abriter un prochain nid, pense-t-elle : il s’adosse au pilier et est bien enraciné sur la rive droite ! Certes sa plus haute branche est fragile et plie déjà sous mon poids ! Pour autant Dame Héron dare-dare y construit un nid en quatre coups de bec. Sieur Héron lui n’est pas pressé de se caser, il préfère batifoler de falaise en falaise, de rive en rive, au gré des vents et des courants d’Ain. Il aura bien le temps… Continuer la lecture

Jeu loufoque

Une danseuse invisible
Sur un mystérieux transatlantique
Se fait photographier
Sur le pont
Un cure dent à la main
Étoile improbable
Une starlette sur goélette
Sans clé à molette.
 
Rouage verdâtre sur pilotis
Mauvais signe
Embrayage, débrayage,
Barcelone n’est pas loin.
La goélette file du mauvais coton.
Où sont passées les clés à molette ?
Non pas les cure dents
Les clés à molester !

C’est sérieux, sir ?

Or la bataille n’est pas franchement terminée : que vais-je devenir maintenant face à une telle offensive ? La bataille fut longue, épaisse, sonore, nauséabonde. J’ai donné le meilleur.
Le virus s’est propagé, sans modération, comme les galets d’une marée noire, instable, insidieux, nuisible, mortel !
Je me bats pour garder les yeux ouverts, en vain…
Je me bats pour respirer dans la puanteur acide…
Je me bats pour vivre, encore un peu …
Se battre : un avenir, pour qui, pour quoi ? Est-ce juste de combattre ?
Après avoir assassiné chiens, chats, rats, chevaux, veaux, vaches, cochons, quel humain résistera à cette hécatombe ?
Profonde solitude, immense tristesse, désespoir…et la tendresse ?

C’est sérieux, sir ? dit l’infirmière en me piquant les fesses comme chaque matin.