Archives de l’auteur : Catherine COHEN

Rêves et vision

Se laisser conduire par une vague imaginaire qui vous transporte ailleurs.

Jour d’hiver,

Plat, humide, ciel blanc grisaille embrumé,

Un jour gris, journée métal.

Me voilà au pied de la Tour Eiffel, ravie. Ses couleurs s’accordent au temps, ses contours structurent l’espace, le gris du jour s’adoucit face à son imposante présence.

Mais je pourrais tout aussi bien faire un détour plus au sud, y chercher un peu de chaleur. Madrid, les images affluent, celles de mon dernier séjour dans la capitale espagnole. Je déambule dans les rues animées, sur des avenues larges et généreuses, prends place sur une terrasse. Espace doré, lumière de miel.

Mon regard se pose sur un bouquet de mimosas devant moi sur la table. Etincelles duveteuses. Je suis à Nice dans le jardinet des grands parents. Le mimosa embaume l’air. Douceur de ces moments heureux d’enfance, palpables, si proches tout à coup, et tout prêts à s’évanouir dans le passé du temps, comme un rêve.

Souvent, je change de lieu.

Une impression, une sensation et me voilà au croisement de deux rues.

Le jeu consiste à repérer les lieux , les nommer, tirer le fil qui me relie à eux, alors que je suis là, dans le présent, mais ailleurs aussi.

Promenades dans les méandres de ma mémoire.
J’aime ces balades imaginaires.

Elles prennent vie dans les fissures du temps, dans les brèches d’une journée maussade, ne durent qu’un instant , comme un flash, pétillent de malice et de cette connivence avec mon histoire.

Catherine COHEN
Paris, le 11 février 2025

Dire la nuit

Un peu de nuit pleure doucement dans les cils d’un pinceau, elle s’étale délicatement en arrondi, repli de nuit, comme des promontoires flottant dans une mare grisonnante, dans une immense tâche délimitée par des murs invisibles, posée sur le blanc de la feuille , blanc d’un silence aveuglé.

La nuit se dit dans cet espace opaque, presque lisse. Elle s’impose avec d’imperceptibles nuances, elle s’étale aux yeux de tous, naturellement sombre, liquide. La nuit se boit, s’absorbe et se répand.

Un appel, une évidence, impossible d’y échapper.

Le lieu idéal

Il serait baigné de lumière,
J’y jetterais un tapis vert
D’herbe douce au parfum léger
D’herbes folles mélées d’églantier.

Il serait empli de quiétude,
Loin des bruits, tapages, inquiètudes,
Une maison haute et tranquille
Ouverte au monde loin de la ville.

Il serait bon de s’y trouver,
De réunir, de s’y croiser,
Il serait doux d’y apporter
Tout le meilleur et le donner.

Sublime-Nammos

Pour accéder à Sublime-Nammos, il fallait prévoir du temps, se recharger en énergie et de préférence aimer la marche.

A ma connaissance, il n’y avait aucun moyen de transport connu possible. Aucune route, mais un sentier escarpé à partir de Nammos le Mibus, centre commercial important, lieu de passage, d’échanges, de marchés colorés, un lieu vivant et grouillant.

Seuls quelques initiés connaissaient la trouée dans la montagne, passage conduisant à cette terre paradisiaque.

Quelques maisons, un lac, une forêt protégée des regards, un climat exceptionnellement doux et clément.

Les quelques familles installées à Sublime-Nammos depuis plusieurs générations avaient développé un réseau d’entraide qui reposait sur les compétences ou qualités de chacun.

J’avais découvert  Sublime-Nammos  tout à fait par hasard après avoir vu un documentaire sur cette région et rencontré Osmana chez des amis. Elle était venue en stage à Paris pour quelques semaines et semblait si pressée de rentrer chez elle. C’est ce qui m’incita à faire le voyage. La curiosité, le besoin de dépaysement mais aussi l’invitation chaleureuse d’Osmana qui entrouvrait une porte vers un monde inconnu.

Ce qui m’a le plus touchée, l’hospitalité des Sublime- Nammosiens, leur attention à l’autre.

Accueillir, faire plaisir semblait être leur principale préoccupation, ainsi que la fieré de leur pays.

Ne me demandez pas l’itinéraire ou bien la carte de la région ou bien encore les hébergements possibles. Ne me demandez pas plus de précisions sur Sublime-Nammos, je ne saurais les apporter.

Car, si j’évoque aujourd’hui Sublime-Nammos, c’est afin de reconstituer le puzzle, rassembler les pièces enfouies au fond de ma mémoire.

C’est si loin . Je garde un souvenir émerveillé, ému, nostalgique d’un paradis perdu, A tout jamais.

Comme vous devez le savoir, un volcan s’est réveillé dans la région de Nammosie, dissipant Sublime-Nammos dans un magma en fusion.

A ce jour, il ne reste plus rien de ce rêve éveillé, ou plutôt restent les bribes de nos souvenirs et de nos témoignages.

 

 

 

Les mondes flottants

Défilé de photos et retour à la fleur, aux fleurs plutôt. Elles m’attirent. Effet graphique, explosion de couleurs, rayonnement harmonieux. J’aurais pu les dessiner tant elles résonnent en moi.

J’ai vérifié qu’elles ne provenaient pas de mon dossier d’images. L’harmonie qu’elles dégagent tient de la rencontre entre l’arrondi des contours enveloppant, maternant et le jaillissement des couleurs de feu maintenu dans cette rondeur.

Cette alliance crée une impression de plénitude au-delà de l’esthétisme, de l’effet décoratif qu’elles produisent aussi. Danse joyeuse, corolles épanouies, ces fleurs me sourient et m’invitent en leur ronde.

Plongée en Paysage

Réapprendre à sentir une brise rieuse,
-Frèlement-
Humer la fraîcheur du jour finissant,
-inspire-
Recevoir les vibrations des couleurs,
Accueillir le vert- duvet, le jaune mordant, l’orangé piquant,
Se délecter de vert, tant et tant de verts,
Celui qui apaise et celui qui dynamise,
Se laver au bleu limpide du ciel,
Se confier à l’eau qui passe sans jamais s’arrêter,
Intégrer les couleurs, les absorber, les chanter, les pleurer,
les psalmodier, les sublimer.
Toutes ces nuances subtiles, comment les dire?

Baudelaire voulait des prairies teintes en rouge et des arbres peints en bleu.
Rouge est ma joie, ma vitalité retrouvée, ma force de vie,
bleu l’arbre dressé entre ciel et terre paisible et relié,
jaune le reflet du soleil à mes pieds sur une terre violette.
Comme si je rendais au monde toutes ses offrandes,
les couleurs se modèlent et se métamorphosent par ce que je ressens,
par ce que je sais dire aussi.
Plonger en paysage, une expérience unique et créatrice. 

Mythes et poésie

ICARE

Face à l’immensité du ciel
la caresse du vent
rassembler mes forces avant le décollage,
prisonnier de cette terre brûlante,
poussière de sable,
enfermement,
murs dressés de toutes parts,
oppression, couloirs, croisements, méandres à l’infini
lever les yeux versé ma délivrance,
respirer la brise parfumée qui me souffle son espoir, je cours,
je m’élance, je vole, je plane, ailes déployées, porté soulevé, libéré.
j’offre mon cœur à ce vertige qui me transporte toujours plus haut, A
la lumière qui me transperce ;
Roue de couleurs chatoyantes, effluves ambrées, poivrées, senteurs de
cannelle et de piment, poudres irisées.
La force d’un aimant qui m’attire vers sa splendeur étincelante.
Fermer les yeux, emporté par mon rire qui résonne, expulse mes angoisses
et mes peurs, un rire comme mille soleils scintillant d’éclats cuivrés dans un tourbillon
sans fin aux reflets bleutés, goût de sel sur mes lèvres, pluie d’écume d’argent pour
l’éternité glacée aux ombres du silence.
  

Mythes et humour

Hercule et Atlas

Qu’est-ce qu’elle va faire Athéna sans sa compote? Je lui ai promis pour ce soir sans faute un panier rempli de fruits dorés

 (Pas du tout envie de porter la voûte, j’ai des engagements moi, j’ai besoin de mes bras , de mes jambes, de ma liberté de mouvement) Tout de suite, attends un moment !

  • Dis-moi Hercule, c’est maintenant, me gratter le dos, ça démange, me dégourdir les jambes, allez
  • Juste un aller- retour au jardin des Hespérides et je suis à toi !
  • Impossible, tu viens là tout de suite.
  • Mon cher Atlas, je comprends que ta lourde charge te pèse mais après tout, pourquoi la transférer sur moi qui suis vraiment overbooké avec mes douze travaux ?
  • Un service, voilà ce que je te demande, un service URGENT. Maintenant,à l’instant, tout de suite. Tu veux quoi en échange ?
  • Tu proposes ?
  • je cueille les pommes pendant que tu soutiens la voûte.
  • Impossible
  • Pourquoi ?
  • Parce que les pommes, c’est pour moi. J’ai un engagement auprès d’Eurysthée mon cousin.
  • Alors, je nettoie les écuries d’Augias ? je capture le taureau de Crète ?
  • Mon vieux, tu rigoles
  • Pas du tout
  • Tu crois vraiment qu’on est interchangeables ? la voûte céleste, c’est ton job, pas le mien, vas donc chercher ailleurs de l’aide et du soutien, moi, j’en ai assez à expier, assez de tâches, assez de travaux avant de voir le bout du tunnel !
  • Ecoute Hercule, je te demande un service et te revaudrai ça, voilà tout, c’est toi qui choisiras.
  • Alors juste un moment, j’ai le dos fragile, les articulations en compote, et la compote d’Athéna, ça n’attend pas

Atlas le regarde fixement jusqua  lui faire détourner les yeux

  • Bon, ça va, j’arrive, le temps d’aller cueillir mes pommes et je suis à toi.