La sacro-sainte porte de l’institution Saint-Joseph se referme derrière moi. Il est 17 heures, un samedi ordinaire de Novembre 1958. Je quitte la pension. Je rentre à la maison pour passer le dimanche en famille, comme chaque samedi ou presque. Un comportement exemplaire est en effet exigé à l’internat pour obtenir la permission de sortie dominicale. Plus tard et plus d’une fois, pour impolitesse par exemple, je serai consignée à résidence le dimanche ! Continuer la lecture
Protégé : Roses blanches et Photo insolite
Ritournelle (portrait- première consigne)
Au jardin de Nadia
Dans la boucle de l’Ain
Octobre en son déclin
Décrire l’immédiat
Balcon sur le jardin
Calme loin des humains
L’amitié nous guida
Nous nous sommes rejoints
Laissant le reste au loin
Sans télé ni media
Ce séjour vient à point
La nature a pris soin
De nous, et remédia
Par avance aux besoins
D’un peu plus, d’un peu moins
Et viva la vie!
Au jardin de Nadia
Nous nous sommes rejoints
Octobre en son déclin
L’amitié nous guida
Dans la boucle de l’Ain
Sans télé, sans media
Calme groupe d’humain
Laissant le reste au loin
L’amitié nous guide
Ecrire en l’immédiat
Dans la boucle de l’Ain
Balcon sur le jardin
Et viva la vie
Ce séjour vient à point
La nature a pris soin
De nous, et remédia
Par avance aux besoins
D’un peu plus d’un peu moins
Et viva la vie!
Paris en haïkus
Paris en Eiffel
pampilles en rituel
théâtre en ciel
Musée Guimet (expo photos en noir et blanc)
Nébuleuse brume
sommet encapuchonné
squelette de pin
Gris blanc gris fumé
écharpe de nuages
entrelacs figés
Haïkus de Claire
Les thés verts de Chine
Bai yao yin zhen (thé blanc)
Aiguilles d’argent
fines feuilles de bourgeons blancs
pivoine éclose
Anji bai cha (thé vert)
Toniques feuilles
fraiches pousses théines
Eveil en bouche
Long jing n°1 (thé vert)
Puissante fraîcheur
feuilles plates allongées
Elégant Long jing
Long jing quing ming (thé vert)
Verte infusion
Eveille nos papilles
châtaigne grillée
Pensées
Les portes de la perception Ou « nettoyer le puits en soi«
If the doors of perception were cleansed every thing would appear to man as it is, infinite
William Blake
Etty Hillesum utilise à plusieurs reprises dans son journal, l’image du puits obstrué au plus profond de nous. Les gravats, les débris, de lourdes pierres, nous empêchent d’accéder à nos sources profondes, aux ressources intérieures de notre être qui constituent pourtant le meilleur de nous-mêmes, cette part manquante à la plupart des hommes, qu’elle appelle Dieu, à cette force toute d’intériorité salutaire qui peut nous faire apprécier la vie, l’existence, la naitre, celle de nos frères humains, à et celle de toute chose, nous permettre de tout résoudre et d’accéder à la plénitude dans une joie éternelle.
Mais pour atteindre cette source perdue, un sacré travail de nettoyage interne s’avère nécessaire. Il faut creuser en soi, profondément et inlassablement, dégager tout l’inutile et le nuisible accumulé, toutes ces incompréhensions, tous ces ressentiments, ces mauvaises expériences, ces peurs et ces lâchetés, jetés au puits de l’inconscience par-dessus notre enfance perdue, et nous n’avons guère envie d’aller faire un tri sélectif dans cette vaste poubelle intérieure sur laquelle le couvercle est mis.
Nous préférons ne voir le monde qu’à travers l’écran du social fourni par notre environnement. Un écran qui nous cache la singularité profonde de notre secrète voie intime et nous fait vouloir être le plus qu’il se peut normal, c’est-à-dire dans la norme imposée par l’environnement du lieu et du moment.
Etty connaissait-elle William Blake et cette citation? Si les portes de la perception étaient nettoyées toute chose apparaitrait à l’homme comme elle est, infinie. Je pense que oui. Mais je pense que son point de vue se distancie de Blake.
N’oublions pas que ce dernier, bien que mystique, avait une vison bien noire et passablement inquiétante. Il inspira Aldous Huxley dans ses expériences sensorielles, avec des hallucinogènes, et son livre si particuliers intitulé précisément : les portes de la perception.
Il inspira également le nom des Doors, à l’ange noir Jim Morisson, mort d’overdose d’alcool et drogues. Le nettoyage chimique de nos perceptions sensorielles n’a rien d’inoffensif pour le corps, et ce n’est pas tout à fait de cela que nous entretient Etty dans l’expérience de son journal, en ces années 1941-1942. Pas tout à fait mais un peu tout de même, car il faut en passer par les sens. Se rendre neuf à l’expérience, retrouver les impressions premières et intenses de l’enfant non formaté, non limité, curieux de tout, s’émerveillant du contact avec l’infini donné par une étoile, ou la branche d’un marronnier ou le corps d’une ou deux personnes aimées..
L’adulte ne peut retrouver que par l’amour, ou la culture, la fréquentation des artistes, ce sentiment de l’hors du temps, et de l’incommensurable beauté, et de la joie. Mais l’alcool n’est pas un bon choix et les stupéfiants n’y suffiraient pas. Tout est à l’intérieur de soi.
S’agenouiller, la tête dans les mains, sur un tapis en salle de bain. Se rassembler, se concentrer, retrouver le silence à l’intérieur de soi.
Puis retrouver les autres avec la force en soi d’éprouver chaque jour chaque heure, la vie belle et pleine de sens et n’avoir que curiosité aimante à l’égard de chacun.
Ne pas souffrir dans les souffrances du corps ou des autres et préserver la joie en soi.
Accueillir le deuil et la mort sans que la tristesse foudroie
Parvenir même à se dire en pensant au SS qui bientôt la piétinera, et l’écrasera sous sa botte : Toi mon gars, tu as un problème. Et que puis-je donc faire pour toi ?
Atteindre cet état d’esprit, d’âme et de corps, non cela ne va pas de soi, et ne se fait pas en un jour, pour Etty, ce fut quelques mois.
La vie d’abord vint par saccade, puis en un flot puis en un fleuve, avec l’écriture du livre, qu’elle nous laissa.
27 avril 17H30
L’avenir de l’eau
Le cachet d’aspirine
Expérience effervescente
Le ressenti du verre,
du cachet et de l’eau
le tout film en vidéo
Le cachet se dissout dès contact avec l’eau
Des bulles se génèrent
La transparence s’agite et s’offusque
La blancheur de l’objet mobile
Se disloque
Et la matière dure
Se transforme en un air
Libéré
Avide de surface
Les chapelets vont droit comme un bombardement
En espace inversé
OA? tout est remontant
Le gaz s’enfuit rapide
S’échappant vers le haut
Il se jette hors de l’eau
Répondant à l’appel de l’air
Qui semble solidaire
Et presque s’écrier:
Libérez! Libérez!
nos camarades bulles
Emprisonnées dans l’eau!
On peut s’interroger
Sur les gaz mouvants
S’agitant dans le verre
Est-ce l’eau elle-même
Qui se va transformant
Ou la matière blanche allant disparaissant
Qui se métamorphose?
En tout cas le cachet
En décroissant
Devient croissant
Qui danse et qui s’élève
Pour flotter en surface avant de s’effacer
Dans la mousse et l’écume
A ce moment le verre
N’est plus qu’un réservoir à bulles
Qui vont se résorbant
Très vite l’eau se calme
Et le long des parois se collent mille perles
D’autres montent du fond
Et l’eau se croit champagne
Peu à peu tout s’apaise
Et vont diminuant et se ralentissant
Les remontées de l’air
Non plus des encordées
Mais des individuelles
Avec le temps l’eau devient plate
Un peu opaque
Encore quelques mouvement
Puis le néant
Avec le temps va tout s’en va
Après la vidéo
Il faudra vider l’eau.
L’eau : les peintres et les arts plastiques
Un peu d’eau sur la page
L’eau sur la page
En dilution
Et le pigment de la peinture
Apparitions
Puis le séchage
Un paysage
Une aquarelle
Un fondu de couleurs en brume
Une vapeur en un feuillage
Une rive ou le regard nage
Un monde flottant de lumière
La vague ou le rameur se perd
L’écume lancée comme neige
Des estampes ou bien des toiles
Impressionnantes comme voiles
Nous emportent dans un ailleurs
Pas loin d’ici dans la vraie vie.
Hors du temps décompté
Loin du temps marchand’
Comme en la plage d’or
Ou l’on peut s’allonger
Observer les nuages
Enlevés dans le bleu
Et se laisser rêver
Au chant de l’océan
Danaé dans la pluie
Il pleut sans cesse sur Brest, dit la chanson de Barbara, mais ce n’est pas une pluie d’or; une pluie d’acier, de feu, de sang. Une pluie de bombardement ou simplement de mauvais temps.
La pluie d’or fut pour Danaé. Je pense au tableau de Rembrandt. A Mais revenons au mythe antique. Acrisios roi d’Argos reçut prédiction d’un devin que son petit fils le tuerait. Il enferme alors son enfant, sa fille unique Danaé, dans une tour inaccessible.
Mais Zeus s’éprend de Danaé, et rien ne lui est impossible, il entre pour la visiter sous la forme d’une pluie d’or, et la féconde d’un enfant, un fils que l’on nomme Persée. Le roi d’Argos est dépité, mais ne veut pourtant pas tuer sa descendance.
Acrisios enferme sa fille et son petit fils en un coffre, qu’il fait jeter à la dérive, dans les flots tumultueux d’un fleuve. Tous deux bien-sûr s’en sortiront.
Persée deviendra un héros, coupant la tête de Méduse. Il délivre aussi Andromède, des griffes d’un dragon pervers. Plus tard en athlète émérite il participe à de grands jeux, et lance par erreur son javelot bien trop loin au-delà des herbes du stade pour atteindre dans les gradins le torse d’un roi visiteur. Celui d’Acrisios son grand père.
On n’échappe pas au destin.
Danaé fut peinte souvent sous la pluie d’or des plus grands maîtres, par le Corrège et par Titien, par le Tintoret et bien d’autres, mais je la préfère par Rembrandt. Ou par Klimt en un autre genre.
Pour commencer avec Rembrandt. On peut voir ce tableau de grande taille, dans le musée de l’Ermitage, en Russie, Saint Pétersbourg.
L’œuvre, commencée en 1636 eut pour modèle le corps dénudé de la femme tant aimée de l’artiste, Saskia, la bien en chair. Mais le tableau, repris en 1643, après la mort de celle-ci en change le visage au profit de celui de Geertje Dircx, alors maîtresse du peintre. Et les pièces d’or qui tombaient en pluie fine sur la chair nue, sont effacées par la lumière.
En 1985, un quinze juin, un lituanien un peu atteint, attaque au couteau, à l’acide, une grande part de la toile, était-ce l’esprit de Saskia qui revenait vandaliser ce tableau qui la trahissait?
Au bout de douze années de restauration, on réexposa le tableau. Je l’ai vu face à face, le corps irradie l’or.
La Danaé de Klimt, peinte en 1907 a forme de fétus, femme en chien de fusil, enroulée comme en œuf, enveloppée de voiles, érotisme torride à chevelure rousse ; l’or roule et coule entre les cuisses grasses, en flot tumultueux, le visage en orgasme.
Poèmes de Françoise
PrA�sence absente
Assise dans l »angle sombre de la piA?ce,
La vieille assoupie marmonne,
Les mains repliées sur son tablier.
Par la fenêtre entre- baillée,
L’air frais du matin et le chant de la grive
Invitent à la danse. Et la branche du seringa
Exhale une fragrance enivrante.