Dans un souffle court, en un rien de temps, l’air se glaça, les nuages s’assombrirent, l’atmosphère changea. Un grondement. Cela commença par un grondement, un grondement féroce et sourd flanqua d’une odeur glacial.
Ce n’était pas un grondement de tonnerre, non plus un grondement sismique, mais plutôt une onde océanique, un roulement qui enflait par intermittence. Et la nuit tomba d’un coup, sans lune ni étoiles.
La cheminée céda la première et l’antenne s’envola sans effort. Puis la vibration sonore vint de l’intérieur, sourde. A travers les volets en persienne, seules quelques gouttes ruisselèrent et glissèrent le long de la façade. Elles débordèrent en pluies fines d’abord, ininterrompues. Le froid gagna, le ciel s’obscurcit, blafard. Un vent violent souffla. De l’intérieur, l’eau se fit véhémente, offensive. Elle enfla au point de jaillir ouvertement des fenêtres, en cascades torrentielles. Des vagues, des vagues…éclatèrent en lames déferlantes, des lances d’eau, un courant de marée puissant.
La maison devint eau, trombes d’eau. De cette houle se déversaient une à une, une personne, puis deux, puis plusieurs personnes, englouties au fur et à mesure par le raz de marée. Elles se cognaient les unes contre les autres, s’abattaient et disparaissaient dans le tumulte bouillonnant d’une terrible écume blanche. Les vagues tapaient le sol, rebondissant jusqu’au toit. La maison souffrait, craquait. Une bourrasque finale souleva l’édifice entièrement. Le vent était si fort que les voix ne portaient plus. Les cris s’évanouirent…Naquit ainsi le chaos.