Archives de catégorie : LES ESTABLES 2016

Mythes et légendes du Bouchet

Sur le chemin

Sur le chemin de Mézilhac montait péniblement un petit âne sur lequel montait de temps en temps la mère tenant enveloppé un beau petit enfant tandis que le père dirigeait l’âne par la bride. Oui, aujourd’hui Fanchon peinait terriblement à la montée, ses sabots ripaient sur les pierres verglacées. La nuit avait été difficile. Et il avait fallu fuir, fuir la clameur du titan.

La mère si fatiguée avec l’enfant, cet enfant juste né au nouvel an. Le père n’y croyait plus à cette naissance. Par deux fois la mère a chuté, sur la dalle, sur le verglas. En cette nuit de l’an neuf, Fanchon a entendu pleurer la mère et vu le père fendre du bois sans discontinuer, à grands coups de hache. Et vlan, et vlan, comme un mugissement dans la vallée endormie ! Dans l’étable, la mère a sangloté, soupiré, le père a taillé, Fanchon s’est tenu éveillé et l’enfant est né, au sombre de la nuit sans étoile. Au petit matin glacé, Fanchon est sorti, fou de joie et s’est trémoussé sans faon en jetant des coups de galoche alentour. Mais sans tarder, le bestiau a dû accompagner la mère au lavoir gelé. Il a fissuré laborieusement l’épaisse couche de glace de ses sabots tranchants. Puiser l’eau sous la glace a anéanti la mère qui devait faire chauffer l’eau du premier bain de l’enfant-né, le nourrir l’a épuisée, ses reins endoloris brûlent son échine. L’enfant a tété sans même se réveiller, réchauffé par le souffle de l’âne attendri. Un silence hivernal entourait la maison. Le père et la mère ne se parlaient pas.

 

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De son côté, lui, Gargantua l’a sentie venir de loin l’odeur des hommes de la vallée. Toute narine en alerte, il la guettait cette effluve humaine qu’il traçait jour et nuit selon son appétit. Il se mit en chemin avec frénésie. Ses pas gigantesques dominèrent la foret, les prés, la vallée, la rivière. Son puissant odorat le guida sans faillir. Qui pourrait vaincre ce colosse ? Qui se risquerait à mesurer sa force surhumaine? Aveuglé par la faim, il n’a pas vu les pointes fourchues des bras de fer s’insérer sous ses pattes crochues, il n’a pas vu non plus cette drôle de cage suspendue se refermer sur ses larges épaules. Prisonnier, il a tambouriné quand la girouette s’est abattue dans son dos. Incrédule, il a regardé s’enfoncer dans sa gorge la lance affutée de ce génie de fer. De tous côtés, il fut pris. Alors il s’est figé, ailes repliées, pattes ensanglantées, yeux révulsés. Il entendait sous lui couler les eaux de la rivière Loire, bourdonnement lancinant qui ne pansait en rien ses blessures. Immobilisé dans ce vide abyssal, le monstre poussa alors un cri bestial, déchirant !

Le père l’entendit cette effroyable clameur, toute la vallée en trembla : les rochers millénaires, la rivière tourmentée, les arbres enchevêtrés, l’étable, la mère et l’enfant, Fanchon atterré. S’ensuivit un silence de glace, un silence noir sans espoir, un silence qui sonnerait le glas. Le père décida de suite de quitter leur logis.
Pourtant, le lendemain du nouvel an, voilé ce que l’on a découvrit : pour calmer la soif de son agonie, Gargantua ou le dragon ailé descendit la vallée de la Loire et de la Veyradeyre et en but toute l’eau jusque près du lac d’Issarlès où sommeille une ville engloutie

 

Mythes et vent

Au cœur d’un vallon
Bras perchés dégingandés
Réservoir d’idées

Messages ailés
Tuyaux coudés compliqués
Le sens retrouvé

Rire d’un amant
La machine essaime au vent
Plainte d’un enfant

Génie farfelu
Hermès, coquin, a tout lu
Cet hurluberlu

Mythes et cinéma

Dans ce lieu tourment, les lauzes empilées forment d’étranges bories. Nul ordre, nulle harmonie dans ce décor irréel ou le soleil ardent accentue le contraste entre l’ombre et la lumière. Les flancs des ravins, chaos de strates et de plaques, menacent de s’écrouler. Les pins rabougris sont des gnomes torturés par le vice et la perfidie et les méandres du relief angoissent comme un labyrinthe mortel.

Tapi dans la pénombre, au creux d’un amphithéâtre naturel, Grésivaudan est assis et songe. Il savoure la chaleur du jour qui régénère ses articulations endolories. Non, il n’est plus celui qu’il fut jadis. Sans regret, il a délaissé la pleine lumière ; soulagé, il n(éprouve plus d’accès de noire fureur. Mais quand reviendra la brume, les fantômes et les chimères peupleront sa mémoire.

UTIAK et MARIE POCHON

La Terre n’était pas encore la Terre, mais seulement une boule magmatique tourmentée d’explosions qui peinaient à séparer les océans et les iles volcaniques surgissant ici et là, construisant et détruisant des amorces de continents ; des vents solaires et des météores balayaient et frappaient sans relâche la surface du globe incandescent. La flotte aérienne de SKUIZAR qui survolait ces convulsions enflammées jugea l’endroit inhabitable, mais l’un des pilotes ne partagea pas cet avis, anticipant un devenir potentiellement viable, il enclencha son démodulateur temporel. UTIAK était un grand indépendant et tandis que toute la patrouille de reconnaissance exploratrice du secteur AB 36 dans l’amas d’amas 76B12 filait déjà vers une autre galaxie, il décida de poser son appareil sur cette planète peu avenante. Il fit avancer le démodulateur d’un quart de cadran, c’est-à-dire de quelque quatre milliards d’année L’estimation était assez heureuse et l’appareil se posa sur une boule verte et bleue à l’apparence stabilisée. L’appareil choisit de lui-mème une clairière dégagée au milieu des arbres innombrables qui couvraient à perte de vue de vastes territoires. UTIAK, sortit de son engin, èta son scaphandre de protection, et prit plaisir à respirer un air tout à fait sain avec une légère surcharge d’azote pas du tout désagréable et même un peu euphorisante. Son instinct ne l’avait pas trompé. Cette planète était habitable et plaisante son esthétique tout à fait satisfaisante pouvait en faire un lieu de villégiature fort agréable pour un SKUIZARIEN en quête de repos et de dépaysement. Mais il vit soudain surgir dans sa direction une troupe d’animaux étranges et gigantesques qui le déconcerta. Jamais il n’avait vu ni imaginé rien de tel : des bêtes aux corps monstrueux, interminables et é la gueule démesurée, avec des dents apparentes dont la taille dépassait celle de son engin spatial. Ces créatures, de toute évidence carnivores le considéraient comme une proie et s’apprêtaient à le dévorer vif.

Il réussit à rejoindre à la hâte son SUPERBEURK véhicule spatial dernier cri, bénéficiant des plus récentes découvertes des savants de SKUIZAR, et appuyant sur le bouton d’urgence il installa autour de lui un champ d’inaccessibilité qui le protégea de l’attaque furieuse de ces monstres. Les animaux imbéciles vinrent s’écraser et se renverser contre la coupole invisible édifiée pour protéger l’engin et son occupant. Tranquille dans sa cabine, UTIAK lança un appel au grand superviseur intégrateur du secteur sud d’AB36 qui avait la charge de réguler l’évolution de cette zone. On ne pouvait laisser les choses en l’état. Le dérangement était patent. Il demanda une intervention d’extinction en respectant la procédure et remplissant les formulaires. Il l’obtint dans un délai assez court de sa temporalité, qui correspondait à quelques millions d’années terrestre, et la nouvelle planète à peine découverte et répertoriée reçut un choc de force 5, percutée par l’astéroïde GB12-327K, opportunément détourné à cet effet. Le choc violent déplaça les pôles, et provoqua une retombée de poussière, des explosions, éruptions et dévastations telles qu’aucun des monstres à grandes dents ne survécut, et pas grand-chose d’autres à part quelques rongeurs dérisoires.

UTIAK, qui avait pris un peu de hauteur tenait néanmoins à son idée, et cette planète lui plaisait, il estima au jugé le temps nécessaire à un renouveau de la vie et poussa de quelques crans son démodulateur. Il se posa de nouveau. En France cette fois, en l’an de Grèce 1887, dans la cour de Marie Pochon, une fermière des Estables, au pied du Meyzenc.

Elle était en train d’écrire dans son journal poétique la phrase suivante :
à Ce qui part de ton cœur trouve toujours un écho. C’est dans le tien que je le trouverai.
Elle regarda rêveuse par la fenêtre ouverte et vit UTIAK descendre tranquillement de son SUPERBEURK posé dans l’enclos des cochons. Elle le trouva tout à fait séduisant avec ses petites antennes bleues intégrées au-dessus des oreilles et son superbe crane rouge métallique et luisant. Elle comprit immédiatement qu’ils allaient faire un beau couple dont l’histoire s’inscrirait dans la nuit des temps.

Ulysse après Ithaque

Il se sentait vieux, fatigué, et Pénélope n’était plus la-même non plus. En vingt ans on change. Et dix nouvelles années s’étaient ajoutées depuis son retour à Ithaque. Et l’énergie de la jeunesse, l’amour partagé de la jeunesse, ou était tout cela aujourd’hui ?
Son fils Télémaque était parti en voyage d’étude avec son maitre Mentor. Pénélope et lui recevaient réguliA?rement des messages et tout se passait bien. Son chien fidA?le était mort depuis longtemps. Ulysse s’ennuyait. La vie paisible ne lui convenait plus, manquait de mouvements, d’émotions. Il se sentait vieillir, ses forces diminuaient, des douleurs diverses envahissait ce corps jadis résistant et musclé qui jusqu’ici n’avait connu que la convalescence d’apres blessure et le repos d’apres les combats. A présent l’inaction meme l’usait, le temps allait faire son oeuvre et l’effacer trait apres trait comme une gomme obstinée, efface un manuscrit, jusqu’à la page blanche du néant, de la mort. Il ne croyait plus aux dieux jadis cètoyés, et toute son aventure guerriA?re autour de Troie, son long Odyssée de retour, sa lutte meurtrière contre les prétendants, tout cela lui paraissait une histoire lointaine écrite par un autre, sans grand rapport avec lui, et dont la mémoire s’effaçait. Mais pourtant, quelque chose en lui ne se résignait pas. Il était roi tout de même, encore puissant et riche. Il était valide encore, et capable de vivre des choses difficiles et belles. Bien sur, il aimait Pénélope, et ce n’était pas des aventures féminines ni des conquêtes sexuelles qui le motivaient. Pour cela d’ailleurs, il avait passé l’âge, cela ne le titillait plus et même lui semblait un jeu puéril d’adolescent attardé, d’homme immature ; ce à désir de femme à qui jadis lui apparaissait si important, et parfois la seule chose qui vaille, n’était plus pour lui qu’un signe d’animalité qui rapproche le male humain du chien, frétillant de la queue à chaque femelle croisée. Non, à présent il croyait à l’amour, à la fidélité qui unit deux êtres dans un partage d’expérience de vie portée au plus haut de l’intensité d’être. Il était heureux d’avoir connu ce partage, de l’avoir concrétisé dans un enfant, une vie nouvelle qui à son tour s’était élancée sur les routes du monde et de la découverte, allant vers le nouveau toujours et l’imprévu, le surgissement des émotions, l’émerveillement devant la beauté qu’elle soit de la nature, de l’art, ou de la forme d’un visage et d’un corps (masculin ou féminin cela n’importait plus). Et pourquoi devrait-il renoncer pour lui-même à cela ? Non cette retraite même royale ne pouvait lui convenir. Pénélope comprendrait. Il devait repartir.

Il s’était habitué aux cycles de dix ans. Elle aussi. Elle ne fut pas surprise qu’en ce dixième anniversaire du retour à Ithaque, il lui annonce ce soir-là qu’il allait faire affréter une nef et aller découvrir l’au-delà des confins. Il exposa son plan : les dérives de son Odyssée lui avait fait approcher les colonnes d’Hercule et les limites de cette mer qui constituait le monde connu. Mais au-delà ? Il y avait bien quelque chose ? il voulait savoir quoi. On disait que la Terre était plate, que l’océan s’arrêtait que les eaux tombaient dans le vide au bout d’un grand plateau que portaient quatre éléphants dont les pieds reposaient sur des tortues géantes. Comment croire à cela ! Des contes de bonnes femmes pour les petits enfants. Lui était un homme, il irait voir.

– Pourquoi toi ? hasarda-t-elle, déjà résignée
– Parce que je veux savoir.
– Envoie quelqu’un.
– J’ai déjà envoyé Télémaque, avec Mentor pour le guider. Veux-tu que je leur envoie un message pour leur proposer cette mission ? Mais non, je sais que tu ne le veux pas, et ce n’est pas la tache d’un jeune homme, qui a le monde à découvrir, d’aller s’enquérir de l’au-delà du monde.
– L’audelà, on n’en revient pas.
– Peut-etre. Peut-etre pas. Qui sait ? dans dix ans ou dans vingt. Peut-etre que la Terre est ronde et que je te reviendrai un jour en passant par l’Asie.
– Je ne serai plus là.
– Il ne faut pas dire cela. Tu sais attendre. Et tu as l’habitude de vivre.
– Je l’ai retrouvée avec toi, ton absence n’était pas la vie.
– Tu ne veux pas que je parte ?
– Je sais que tu vas partir. Je l’accepte. Donne-moi encore du temps avec toi, le temps de préparer une nef et un équipage digne de ton dernier voyage.
– Tu as raison cela ne s’improvisera pas. Cette dernière aventure au-delà du monde connu doit etre préparée, doit etre réussie.
– Emmene-moi ?
– Dans mon coeur, je t’emporte, et je reste aussi dans le tien. Que tu acceptes mon départ, nous unit, plus que nous ne l’avons jamais été.
– Oui. Mais ne pars pas demain.
– Dans cent jours. Pas un de moins. Ni de plus.

Et les cent jours passA?rent comme les grains dans le sablier. Pas un de plus, pas un de moins. La nef, la plus puissante qu’on ait jamais vue en méditerranée fut affrétée et quarante hommes expérimentés, tous volontaires, les plus jeunes et les plus braves en constituaient l’équipage.

Le voyage fut tranquille d’abord, aucune tempête, aucun incident ni mauvaise rencontre, et jusqu’au colonnes d’Hercule, il sembla qu’Eole poussa de son souffle agréable et puissant le bateau protégé par les dieux. Ulysse se sentait jeune à nouveau, il respirait à plein poumon l’air marin, et la vie battait en lui, comme si l’eau des océans se mêlait à son sang.

Puis le moment venu, ils entrèrent résolument dans l’inconnu.

Mythes et poésie

A mon fils adoré que je porte aux nues,
Voici venir le temps de prendre ton envol.
Déploie ces ailes miellées à ton dos suspendues.
Laisse-toi porter par le souffle d’Eole.

Si tu réussis, tu seras notre salut.
Sous un ciel azuré et radieux, Icare s’envole
Guidé par les arômes de menthe, de thyms répandus.
Fragrances de myrtes, de genêts, d’épilobes.

Montent les relents de la mer Egée
Exhalant des parfums de varechs iodés.
L’enfant, par la beauté à ses yeux dévoilée
Déploie grand ses ailes vers le soleil éclaté.

A mon cher enfant, réduis ta course effrénée
Mes cris désespérés ne peuvent t’atteindre
Au soleil exposées tes ailes enflammées
T’entraînent et ton corps dans les flots vient s’éteindre.

Mythes et humour

Scène 1 Atlas

(un vieil homme, le dos courbé, suant, genou à terre, pliant sous le poids, soutient sur sa têe une sphère énorme représentant la voûte céleste.)

Atlas  Quelle chance de porter la voûte céleste sur mon dos, Zeus n’aurait pu me confier de tâche plus noble et glorieuse ! Je fais la pluie et le beau temps sur terre, je suis un dieu en somme ! (s’adressant au ciel) Calmez vous là-haut, cessez de remuer, j’ai un mal fou àconserver mon équilibre. La paix, bon sang ! Continuer la lecture

Mythes et Opéra

Amour de ma vie
Sous mes yeux, je t’ai perdu
Regrets éternels

Inspirée par l’attentat du 14 juillet à Nice :

Foule en liesse
Chevauchée satanique
L’enfer est sur terre

Bleu ciel étoilé
Blanc la faux qui s’élève
Rouge est le sang.