Archives de catégorie : LES ESTABLES 2015

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2029

 

Il ne pleuvait plus depuis dA�jA� quelques quatre vingt joursa��quelque chose sa��A�tait dA�traquA� dans le ciel. La grande sA�cheresse de 1976 dont bien peu se souvenaient en cet A�tA� 2029 semblait en passe da��apparaA�tre aux historiens du climat comme une fantaisie anecdotique et localisA�e au regard du drame qui sa��annonA�ait. Car la chaleur et la��absence da��eau sa��accentuaient A� prA�sent de jour en jour sur la��Europe occidentale. Continuer la lecture

TraversA�e en solitaire

Dans la plaine de SaA?ne est le village de mes ancA?tres maternels. Ils sont nA�s et vivent lA� depuis des siA?cles. La SaA?ne est leur patrimoine et A�galement leur mA�moire. Elle nourrit leur prairie, elle abreuve leurs vaches laitiA?res, elle transporte gens et marchandises, elle fait le bonheur des pA?cheurs, ses berges accueillent oiseaux et bA?tes da�� eau, les noyA�s disparaissent en ses eaux sombres… Ses ponts demeurent des passerelles entre deux contrA�es ennemies : l’Ain et la SaA?ne-et-Loire. Je suis nA�e de ces ventres jaunes comme se nomment les bressans. Le maA?s, le blA�, le colza, la��osier, le foin, le raisin, les carottes, les courges, les asperges : tout pousse gA�nA�reusement sur cette terre de limon. Dans les cours de fermes, les volailles prA?tes A� A?tre plumA�es puis vendues au marchA� local, se gavent de tous ces grains da�� or et piaillent au chant du coq.

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Naissance du chaos

Dans un souffle court, en un rien de temps, la��air se glaA�a, les nuages sa��assombrirent, la��atmosphA?re changea. Un grondement. Cela commenA�a par un grondement, un grondement fA�roce et sourd flanquA� da��une odeur glacial.
Ce na��A�tait pas un grondement de tonnerre, non plus un grondement sismique, mais plutA?t une onde ocA�anique, un roulement qui enflait par intermittence. Et la nuit tomba da�� un coup, sans lune ni A�toiles.
La cheminA�e cA�da la premiA?re et la��antenne sa��envola sans effort. Puis la vibration sonore vint de la��intA�rieur, sourde. A travers les volets en persienne, seules quelques gouttes ruisselA?rent et glissA?rent le long de la faA�ade. Elles dA�bordA?rent en pluies fines da��abord, ininterrompues. Le froid A�gagna, le ciel sa��obscurcit, blafard. Un vent violent souffla. De la��intA�rieur, la��eau se fit vA�hA�mente, offensive. Elle enfla au point de jaillir ouvertement des fenA?tres, en cascades torrentielles. Des vagues, des vagues…A�clatA?rent en lames dA�ferlantes, des lances da��eau, un courant de marA�e puissant.
La maison devint eau, trombes da��eau. De cette houle se dA�versaient une A� une, une personne, puis deux, puis plusieurs personnes, englouties au fur et A� mesure par le raz de marA�e. Elles se cognaient les unes contre les autres, sa��abattaient et disparaissaient dans le tumulte bouillonnant da��une terrible A�cume blanche. Les vagues tapaient le sol, rebondissant jusqua��au toit. La maison souffrait, craquait. Une bourrasque finale souleva la��A�difice entiA?rement. Le vent A�tait si fort que les voix ne portaient plus. Les cris sa��A�vanouirent…NaquA�t ainsi le chaos.

Bill Viola

Bill Viola

Bill Viola

Bill Viola

Goutte A� goutte

Goutte, une minuscule goutte da��eau je suis, allongA�e entre les pA�tales da��une rose et la toile da�� une araignA�e da��eau. Je m’ enivre du parfum de CA�leste, mon hA?te. Je cherche ma voie : le matin je ma��A�tire, A� midi je danse, le soir je rebondis. Je suis eau, je suis bulle. Ca��est la ronde du jour. Je nourris la terre, je butine la��air, ja��aspire la brume, je bois la pluie, je gonfle la rosA�e. Je reflA?te la lumiA?re du ciel et le souffle du vent. Ja�� aime rester transparente, je lA�zarde sur les couleurs de roche, da�� herbe, de mousse, de bois. Je coule au grA� des courants, je chavire, ja�� infiltre, je dA�gouline, je suis larme.
Goutte da��eau, source, source inconditionnelle de vie, cycle A�ternel de vie.
Un avenir ? Devenir ruisselet, riviA?re, fleuve, cascade, ocA�an, eau souterraine, nuage ?
Goutte de pluie sur la ville. Viendrais – tu te promener avec moi, sur le toit, prA?s de la rive argentA�e, nous crA�erons un jardin da��eau, da�� herbe, de fleurs, un jardin suspendu, en spirale, aux senteurs A�picA�es ?
Goutte prA�historique, je saute dans la faille, ja�� ai peur, le ciel sa��obscurcit. La mA�lodie du goutte A� goutte ma�� entraA�ne vers un stalactite luisant. Je ma�� y accroche, goA�tant sa fraA�cheur. La�� obscuritA� et le quasi silence de la grotte Chauvet me consacre pour la��A�ternitA� !
Deviendrai-je la��eau da��une fontaine, la��eau da��un lac, la��eau da��un marais, la��eau municipale ?
Je suis perdue, je tourbillonne, je m a��A�parpille, je me gaspille aux robinets. Je me confonds avec les cieux. Un souffle passe. Il embaume, il frise les narines mouillA�es par les embruns, il tA�tanise les poils hA�rissA�s, il sA?che la peau plissA�e.
Goutte cruelle, elle ne parvient pas sur tous les continents, se noie dans les ocA�ans, sa��A�vapore au-dessus des oasis, dA�serte les dunes, croupit dans les marigots.Il na��est pire eau que la��eau qui dort !
La ronde du jour est la minuscule goutte, retenue entre les pA�tales da��une rose cA�leste et la toile da��une araignA�e da��eau engourdie.

Larme

larmes
Une seule larme suffit.

Elle surgit, ronde, diaphane, lourde, gorgA�e da��A�motion.
PremiA?re ou derniA?re,
Da��un trop plein elle est nA�e,
A�cume fatale da��A�mois indomptables.
A la��encoignure du nez, au creux de l’A�il, galbA�e, empressA�e,
Elle se risque A� glisser, A� rouler, A� sa��effilocher.
TiA?de, sur la joue, elle ne sa��attarde pas.
Elle devient parcelle de larme, par celle da��oA? s’A�grA?ne un chagrin, Une allA�gresse.
Serait-elle innocente miette de fou rire,
Sensuelle brisure salA�e au bord de lA?vre ?
Elle est prA?te A� se fondre.
Elle se liquA�fie.
Elle se prA�cipite soudain.
Elle est A�avalA�e.
” Je voudrais A?tre une larme pour naA�tre dans tes yeux,
vivre sur tes joues et mourir sur tes lA?vres. a�?

Chouette effraie

A� Au bout de la pluie, il y a la mer. Et du torrent surgit la cascade, une cascade da��eau de roche, envoA�tA�e par les orgues basaltiques. DA�voilA�e par son chant, son cri mA?me, la belle chevauche les orgues, dA�borde sur les rochers. Un arc en ciel rA�vA?le ses couleurs, halo de lumiA?re aux reflets mA�talliques, caressA� par un vent cruel.
Qui loge dans cette grotte voilA�e par la chute da��eau ? Des vermisseaux nouveaux nA�s, des scarabA�es effarouchA�s, des tA?tards en retard, des chauves souris endormies, des araignA�es A�bouriffA�es ?A�Une chouette effraie !

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L’avenir de l’eau

Le cachet d’aspirine

ExpA�rience effervescente
Le ressenti du verre,
du cachet et de la��eau
le tout filmA� en vidA�o
A�
Le cachet se dissout dA?s contact avec la��eau
Des bulles se gA�nA?rent
La transparence sa��agite et sa��offusque
La blancheur de la��objet mobile
Se disloque
Et la matiA?re dure
Se transforme en un air
LibA�rA�
Avide de surface

Les chapelets vont droit comme un bombardement
En espace inversA�
OA? tout est remontant
Le gaz sa��enfuit rapide
Sa��A�chappant A�vers le haut
Il A�se jette hors de la��eau
RA�pondant A� la��appel de la��air
Qui semble solidaire
Et presque sa��A�crierA�:
LiberezA�! LibA�rezA�!
nos camaradesA� bulles
EmprisonnA�es dans la��eau!

On peut sa��interroger
Sur les gaz A�mouvants
Sa��agitant dans le verre
Est-ce la��eau elle-mA?me
Qui se va transformant
Ou la matiA?re blanche allant disparaissant
Qui se mA�tamorphoseA�?

En tout cas le cachet
En dA�croissant
Devient croissant
Qui danse et qui sa��A�lA?ve
Pour flotter en surface avant de sa��effacer
Dans la mousseA� et la��A�cume
A ce moment le verre
Na��est plus qua��un rA�servoir A� bulles
Qui vont se rA�sorbant

TrA?s vite la��eau se calme
Et le long des parois se collent mille perles
Da��autres montent du fond
Et la��eau se croit champagne

Peu A� peu tout sa��apaise
Et vont diminuant et se ralentissant
Les remontA�es de la��air
Non plus des encordA�es
Mais des individuelles
Avec le temps la��eau devient plate
Un peu opaque
Encore quelques mouvement
Puis le nA�ant
Avec le temps va tout sa��en va

AprA?s la vidA�o
Il faudra vider la��eau

La��eau : les peintres et les arts plastiques

Un peu da��eau sur la page

L’eau sur la page
En dilution
Et le pigment de la peinture
Apparitions
Puis le sA�chage
Un paysage
Une aquarelle
Un fondu de couleurs en brume
Une vapeur en un feuillage
Une rive oA? le regard nage
Un monde flottant de lumiA?re
La vague oA? le rameur se perd
La��A�cume lancA�e comme neige
Des estampes ou bien des toiles
Impressionnantes comme voiles
Nous emportent dans un ailleurs
Pas loin da��ici dans la vraie viea��.
Hors du temps dA�comptA�
Loin du temps marchandA�
Comme en la plage da��or
OA? la��on peut sa��allonger
Observer les nuages
EnlevA�s dans le bleu
Et se laisser rA?ver
Au chant de la��ocA�an

DanaA� dans la pluie

Il pleut sans cesse sur Brest, dit la chanson de Barbara, mais ce na��est pas une pluie da��orA�;A� une pluie da��acier, de feu, de sanga�� Une pluie de bombardementa��ou simplement de mauvais temps.

La pluie da��or fut pour DanaA�. Je pense au tableau de Rembrandt.A� Mais revenons au mythe antique. Acrisios roi da��Argos reA�ut prA�diction da��un devin que son petit fils le tuerait. Il enferme alors son enfant, sa fille unique DanaA�, dans une tour inaccessible.

Mais Zeus sa��A�prend de DanaA�, A�et rien ne lui est impossible, il entre pour la visiter sous la forme da��une pluie da��or, et la fA�conde da��un enfant, un fils que la��on nomme PersA�e. Le roi da��Argos est dA�pitA�, mais ne veut pourtant pas tuer sa descendance.

Acrisios enferme sa fille et son petit fils en un coffre, qua��il fait jeter A� la dA�rive, dans les flots tumulteux da��un fleuve. Tous deux bien- sA�r sa��en sortiront.

PersA�e deviendra un hA�ros, coupant la tA?te de MA�duse. Il dA�livre aussi AndromA?de, des griffes da��un dragon pervers. Plus tard en athlA?te A�mA�rite il participe A� de grands jeux, et lance par erreur son javelot bien trop loin au-delA� des herbes du stade pour atteindre dans les gradins le torse da��un roi visiteur. Celui da��Acrisios son grand pA?re.

On na��A�chappe pas au destin.

DanaA� fut peinte souvent sous la pluie da��or des plus grands maA�tres, par le CorrA?ge et par Titien, par le Tintoret et bien da��autres, mais je la prA�fA?re par Rembrandt. Ou parA� Klimt en un autre genre.

Pour commencer avec Rembrandt. On peut voir ce tableau de grande taille, A�dans le musA�e de la��Ermitage, en Russie, A� Saint PA�tersbourg.

La��A�uvre, commencA�e en A�1636 eut pour modA?le le corps dA�nudA� de la femme tant aimA�e de la��artiste, Saskia, la bien en chair. Mais le tableau, repris en 1643, aprA?s la mort de celle-ci en change le visage au profit de celui de Geertje Dircx, alors maA�tresse du peintrea�� Et les piA?ces da��or qui tombaient en pluie fine sur la chair nue, sont effacA�es par la lumiA?rea��

En 1985, un quinze juin, un lituanien un peu atteint, attaque au couteau, A� la��acide, une grande part de la toile, A�tait-ce la��esprit de Saskia qui revenait vandaliser ce tableau qui la trahissaitA�?

Au bout de douze annA�es de restauration, on rA�-exposa le tableau. Je la��ai vu face A� face, le corps irradie la��or.

La DanaA� de Klimt, peinte en 1907 a forme de fA�tus, femme en chien de fusil, enroulA�e comme en A�uf, enveloppA�e de voilesa��A�rotisme torride A� chevelure rousseA�; la��or roule etA� coule entre les cuisses grasses, en flot tumultueux, le visage en orgasmea��