Archives de catégorie : SYLVAIN

Regroupement de tous les textes de Sylvain

Pigments envolés

Une cloche tinte dans le matin, cristalline. Une barque trace des sillons à la surface de l’Ain. De mon promontoire, j’observe un peintre qui tague l’espérance du monde meurtri sur le mur des sons, A la surface des mondes flottants et sur les étamines d’une graminée portée par le vent.

Une simple tache rouge de pigments diffus sur une feuille d’aquarelle. De l’humide dans l’humide, précise le maître. Un univers de douceur qui se diffracte dans l’infiniment petit et l’infiniment grand du cosmos.

Une nouvelle étoile écarlate naît en pleine fusion dans une galaxie vert clair. La naissance d’un enfant déchire en hurlant la matrice originelle de la vie. Puis c’est le rien. Tout s’apaise. Tout n’est que calme et silence dans cette création éphémère.

Les pigments d’aquarelle s’évadent de la feuille et parsèment de grains de sable les coquelicots du champ de blé du poète quand il ouvre la fenêtre d’un simple souffle de vent.

La lettre

Je glisse avec mes skis de fond sur la neige du Plateau ardéchois. Je marque une trace dans la profonde congère. J’aime ce vent glacial qui me glace le visage. Des stalactites pendent des gouttières de la ferme du Mézenc.

Ma grand-mère est assise auprès du feu de cheminée. Ma mère prépare les bugnes. C’est une tradition familiale les bugnes, nappées de sucre glacé, à Mardi-gras.

Mon père n’arrive plus à ouvrir la boîte aux lettres. La serrure est prise par la glace.

Il chauffe les clefs avec une bougie. Lorsqu’il parvient à en extraire le courrier, j’espère une lettre de mon amoureuse, une fille de la ville. 

Se meubler de livres

Chronique insolite

Le libraire

L’exposition des antiquaires du Grand Palais déçoit un peu car ils sont moins beaux qu’autrefois. Après deux heures de queue, sans coupe-file, sous la bruine fine de Paris, je pénètre enfin dans le grand pavillon de verre et d’acier laissé opportunément entre Seine et Champs Elysées après l’exposition universelle. Quand je pense que cet édifice massif tient sur des pilotis en bois plus solides que du baton.

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La boutique à mots

Les murs de la boutique d’Albert sont tapissés des affiches des 20 automnales du livre du Monastier-sur-Gazeille. Lors de cette manifestation culturelle régionale, j’ai découvert qu’Albert était un vendeur de mots savants couramment utilisées dans les ressources humaines : coaching, tolérance, empathie, colère, addiction, promotion, Evaluation, grilles de salaires, burn-out, work alcoolic, compréhension, mise à pieds, licenciements.

J’ai justement besoin de l’un de ces mots pour ma prochaine intervention sur les valeurs humanistes qui devraient prévaloir dans les institutions, les groupes sociaux, dans les émissions de télévision grand public, sur Facebook ou sur Twitter. Continuer la lecture

Adopter un livre

La montagne de l’âme posé sur la table à Chambod, ce matin, me rappelle qu’un jour j’ai adopté un livre. Malgré moi. Décors d’un chemin initiatique vers mon Yod intérieur, mon germe divin, comme l’écrit Annick de Souzenelle dans la Symbolique des lettres hébraïques. L’une des quatre lettres du tétragramme Yod Hé Vav Hé (Jahvé).

Nourriture spirituelle de ma poésie et de ma peinture. Accomplissement de ce qui est inaccompli en moi. Graal symbolique irrigué par l’ascension des sucs volcaniques du plateau ardéchois et du cirque de Borée, nappés de brouillard, de nuages et de brumes comme le sont les pains de quartzites du Yutancham en Chine.