Mythes et exploration personnelle

Mythes, légendes et contes se tricotent, s’articulent, s’entremêlent, se chevauchent, s’épaulent, se dispersent, se font écho, s’éparpillent, se distillent, s’émancipent. Ce sont les berceaux de notre littérature, les images de nos rêves, la musique de nos pas, les berceuses de notre enfance, les marmites de notre imaginaire, les épices de nos mets, les effluves de l’histoire humaine, la gloire et le ferment du partrimonie mondial culturel.

Elles nous accompagnent, indispensable vivier, à notre insu !

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Mythes et poésie

Icare envoûté

Icare aime le miel, le miel de sapin du Velay, son odeur de résine l’attire. Dès l’enfance, il se crée ainsi ses premières moustaches miellées qu’il pourlèche à satiété lorsqu’il s’échappe. Il pense à ses ailes tout le jour. Il emplit inlassablement sa boîte à trésors de monnaies du pape, fines, légères, transparentes. Assemblées en quinconce, telles des écailles de poisson, gainées de cire d’abeilles, elles formeraient des ailes, des voilures. Leur goût délicieux se confond à celui des hosties partagées au temple fait de minces lamelles de nougat et de genièvre, un régal, il ne peut s’en passer ! Elles seraient plumes de geai plantées dans une guimauve verte aux saveurs mentholées, ourlées de gelée à la verveine simple. Ainsi Icare a rêvé, imaginé et construit ses ailes libératrices et tout aussi défaillantes.

Ce premier envol d’Icare est lent, indécis, pataud. Il s’élance au-dessus des buis verdoyants à la senteur amère et enivrante, elle le suivra jusqu’à la mer. Le souffle du vent est chargé de fumet de poisson, de poussières de cendres étoilées, de particules de charbon brûlé, éclats de météorites échappées du Stromboli en colère, colère de Zeus. Au-dessus de la mer Egée, les effluves marines panachées aux exhalaisons du port du Pirée le captivent. Peu impressionné par les hautes vagues et ses embruns, Icare, escorté par son père, bat ses ailes majestueusement maintenant. Il se sent devenir si léger, zélé, sans réaliser qu’il est emporté dans un élan sans retour, sans mesure. Il vole ! Une fiente de goéland fétide le rappelle à l’ordre. Il ne doit pas s’essayer à voler plus haut, là est la limite, le repère que lui enseigna son père. Pas d’altitude !

Dans les airs, se sentira-t-il plus solide que sur terre ? Dans son élément ? Plus proche de l’astre solaire qu’il espère frôler à son zénith, se demande-t-il ? Sa mère lui répète souvent quand il évoque ses projets : ” Etre dans le vent , c’est une ambition de feuille morte” !  Mais connaît-elle la cime des arbres ? S’est-elle accrochée à la lune rousse ? A-t-elle déjà embrassé les étoiles ? Aurait-elle envisagé une seule fois de se suspendre à la queue d’une étoile filante ? Telle est l’ambition et l’audace d’Icare, fils de Dédale, pour s’affranchir : fendre les airs comme un oiseau!

Serait-il envoûté par le parfum volatile de l’absinthe enfoui dans sa besace ou enivré jusqu’à l’ivresse par le bercement de la brise ? Car sans aucune crainte, Icare l’exalté désobéit à son père et grisé par sa nouvelle puissance, poursuivit son envol, de plus en plus haut, à l’infini, sous l’incandescente voûte céleste, jusqu’à sa funeste chute dans l’écume de mer.

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Mythes et notre personnage

Petit Prince et la bête d’acier

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Il était une fois…un Petit Prince qui vivait sur une planète bleue, seul, enfin le croit-il ! Une étrange planète, minuscule, ondulée de terres et d’eaux bleues, enrubannée de fleurs bicolores au parfum de rose. Son modeste logis de roseaux et de chaume est une miniature, il y dort seulement. Petit Prince est curieux, aventurier, au pied droit récalcitrant, sauf quand il roule sur ses patins fluorescents. Son pas de patineur le conduit à belle allure par monts et par vaux. Continuer la lecture

Sur le rivage

Unique rescapée
Naufragée orpheline
Enivrée par le ressac

Bouteille millésimée
Ondinement ourlée
Ultimatum à l’encre bleue
Temps perdu
Echappée belle
Immortelle galérienne
Larguée par les flots
Loyale vagabonde
Ensommeillée sous le sable

Au secours ! Au large !

Larguée à l’abordage
Au-delà du bastingage
Messagère inconnue
Ecume de nos nuits et nos jours
Révélerais-tu les vagues de l’âme ?

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Mythes et révélation

L’apocalypse

La mort écartée
Regagner la liberté
Feu le ciel de feu

Mythes et légendes du Bouchet

Sur le chemin

Sur le chemin de Mézilhac montait péniblement un petit âne sur lequel montait de temps en temps la mère tenant enveloppé un beau petit enfant tandis que le père dirigeait l’âne par la bride. Oui, aujourd’hui Fanchon peinait terriblement à la montée, ses sabots ripaient sur les pierres verglacées. La nuit avait été difficile. Et il avait fallu fuir, fuir la clameur du titan.

La mère si fatiguée avec l’enfant, cet enfant juste né au nouvel an. Le père n’y croyait plus à cette naissance. Par deux fois la mère a chuté, sur la dalle, sur le verglas. En cette nuit de l’an neuf, Fanchon a entendu pleurer la mère et vu le père fendre du bois sans discontinuer, à grands coups de hache. Et vlan, et vlan, comme un mugissement dans la vallée endormie ! Dans l’étable, la mère a sangloté, soupiré, le père a taillé, Fanchon s’est tenu éveillé et l’enfant est né, au sombre de la nuit sans étoile. Au petit matin glacé, Fanchon est sorti, fou de joie et s’est trémoussé sans faon en jetant des coups de galoche alentour. Mais sans tarder, le bestiau a dû accompagner la mère au lavoir gelé. Il a fissuré laborieusement l’épaisse couche de glace de ses sabots tranchants. Puiser l’eau sous la glace a anéanti la mère qui devait faire chauffer l’eau du premier bain de l’enfant-né, le nourrir l’a épuisée, ses reins endoloris brûlent son échine. L’enfant a tété sans même se réveiller, réchauffé par le souffle de l’âne attendri. Un silence hivernal entourait la maison. Le père et la mère ne se parlaient pas.

 

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De son côté, lui, Gargantua l’a sentie venir de loin l’odeur des hommes de la vallée. Toute narine en alerte, il la guettait cette effluve humaine qu’il traçait jour et nuit selon son appétit. Il se mit en chemin avec frénésie. Ses pas gigantesques dominèrent la foret, les prés, la vallée, la rivière. Son puissant odorat le guida sans faillir. Qui pourrait vaincre ce colosse ? Qui se risquerait à mesurer sa force surhumaine? Aveuglé par la faim, il n’a pas vu les pointes fourchues des bras de fer s’insérer sous ses pattes crochues, il n’a pas vu non plus cette drôle de cage suspendue se refermer sur ses larges épaules. Prisonnier, il a tambouriné quand la girouette s’est abattue dans son dos. Incrédule, il a regardé s’enfoncer dans sa gorge la lance affutée de ce génie de fer. De tous côtés, il fut pris. Alors il s’est figé, ailes repliées, pattes ensanglantées, yeux révulsés. Il entendait sous lui couler les eaux de la rivière Loire, bourdonnement lancinant qui ne pansait en rien ses blessures. Immobilisé dans ce vide abyssal, le monstre poussa alors un cri bestial, déchirant !

Le père l’entendit cette effroyable clameur, toute la vallée en trembla : les rochers millénaires, la rivière tourmentée, les arbres enchevêtrés, l’étable, la mère et l’enfant, Fanchon atterré. S’ensuivit un silence de glace, un silence noir sans espoir, un silence qui sonnerait le glas. Le père décida de suite de quitter leur logis.
Pourtant, le lendemain du nouvel an, voilé ce que l’on a découvrit : pour calmer la soif de son agonie, Gargantua ou le dragon ailé descendit la vallée de la Loire et de la Veyradeyre et en but toute l’eau jusque près du lac d’Issarlès où sommeille une ville engloutie

 

Mythes et vent

Au cœur d’un vallon
Bras perchés dégingandés
Réservoir d’idées

Messages ailés
Tuyaux coudés compliqués
Le sens retrouvé

Rire d’un amant
La machine essaime au vent
Plainte d’un enfant

Génie farfelu
Hermès, coquin, a tout lu
Cet hurluberlu