Ischa la rousse
A partir de là, l’histoire se complique, car Ischa entre dans ma vie, sans crier gare. Ischa la rousse, qui se faufile partout et se nourrit de tout et de rien. Je la croise à Central Park, un matin de neige, elle grelotte.
Chronique insolite
Comment sortir de la give ?
Chastain en tient une bonne, une vraiment bonne, une de celles inoubliables que l’on tient dans les caves de dégustation du Beaujolais Nouveau, le jour de sa sortie nationale, on l’appellera la give de Novembre. A la vue du pitoyable état de Chastain, il fut décidé en réunion de conseil municipal de consulter l’Oracle de la Bouteille pour conjurer ce sort, le mauvais sort de la give de Novembre. Continuer la lecture
Dehors, dedans
La barque et le panier
Ils sont pays, tous deux,
pays de l’Ain,
L’une navigue
L’autre collectionne. Continuer la lecture
La boutique à mots
Participation.
J’entre dans la boutique à mots.
_ Bonjour, j’ai pensé à votre boutique spécialisée car je cherche désespérément à acheter de la participation.
_ Bienvenue, vous êtes au bon endroit, et comme vous le voyez nous sommes bien achalandés en mots, en tous genres, et aujourd’hui, aujourd’hui seulement, en pots de miel bio, promotion exceptionnelle, 5 euros le pot de 500 grs. Continuer la lecture
Le libraire
Entre amis.
C’était après un dîner d’amis, de vieux amis. Ils étaient cinq : un écrivain, un médecin et trois célibataires riches, sans profession. Ce fut une soirée animée, bien arrosée comme d’habitude. Pourtant une fois de plus, aucun n’a su avouer son activité nocturne à la boutique ? La Malle Ouverte ? Pourtant tous les noctambules en mal d’aventures la fréquentent cette échoppe ésotérique : sans jamais se le dire ? Secret de polichinelle ! Continuer la lecture
Le gout des bonnes choses
Perles.
Elle naît de l’océan
S’élève en eau salée
S’agite sous les flots
Aile de papillon
A portée de main
A portée de couteau
Le silence de mer la berce
L’énergie solaire la nourrit
Elle se la coule douce sous sa coquille.
Soupir étonné de la feuille de thé
Parfum végétal
Arôme floral
Infusée dans une minuscule
Théière d’antan
Venue d’ailleurs
Esprit de l’eau
Brume de souvenirs
Instant d’éternité.
Destins croisés
Sans lendemain
D’une huître vert-émeraude
A la saveur iodée
D’une feuille de thé bleu-vert
A la fragrance osmanthus.
Dehors, dedans
Roux l’écureuil
De branche en branche caracole
Lumière du matin
Etoile russe
Guide nos pas dans la nuit
Art-y-fit ciel bleu
Poème de bric et de broc
Passons aux choses sérieuses
A l’objet qui nous réunit : l’écriture
Pour certains, ce n’est pas chose facile
Moi, çà me rend toute chose
J’ai de temps en temps besoin de prendre une pause
Parfois même j’en ai ma dose
Alors je passe à autre chose
Aux choses de la vie
Au bon repas que l’on va partager, par exemple
Mais çà, c’est autre chose.
Adopter un livre
Un turbulent silence d’André Brink, écrivain sud-africain d’expressions afrikaans et anglaise, est un livre choral qui relate des circonstances et des conséquences d’un crime perpétré dans le bush. Chaque événement est mis en perspective par des protagonistes différents qui, chacun à leur tour, détaillent leurs ressentis et leur interprétation personnelle dudit événement.
Ce roman se déroule à l’époque féroce de l’Apartheid en Afrique du Sud dans un paysage sauvage et sous un climat lourd et pesant. Les non-dits et la non communication entre les êtres conduisent à un drame qui enfle et que l’on pressent au fil du livre.
Tant la forme que le fond de ce roman me fascinent. Il y a plus de trente ans que je l’ai lu et il fait encore écho en moi au point de m’inspirer le sujet et la structuration de mon projet d’écriture en cours.
Chronique insolite
L’île de Juam, île de l’archipel Mardi s’ouvre sur un lagon et se compose de deux villages : Marie-Juama et Juama-Hic. Son climat tropical est favorable à la culture du tabac qui constitue la ressource principale de cet îlot océanique. Cette île est bénie, un véritable éden. Dieu n’est-il pas un fumeur de havane dont les volutes montent jusqu’au paradis ? Pourtant un conflit ancestral divise les deux cités de l’île, le torchon brûle entre les habitants qui ne communiquent entre eux que par échanges de fumigènes puants visant à s’enfumer régulièrement et réciproquement.
C’est ainsi qu’un nuage permanent flotte au-dessus de l’île, l’isolant du regard du reste du monde et empêchant l’abordage de tout navire et l’atterrissage de tout engin volant. Seule distraction offerte aux habitants : trouver le remède pour lutter contre l’enfumage du village voisin et ainsi renforcer sa propre capacité à l’anéantir.
Les esprits fumeux de Marie-Juama se penchA?rent ardemment sur le sujet et après maintes recherches et tâtonnements, mirent au point en laboratoire un plan de tabac aux pouvoirs aphrodisiaques. Ils passèrent de l’expérimentation à la culture intensive du plan. Voici venu le jour tant attendu de la première cueillette des feuilles. Une fois sèches, elles sont roulées en d’énormes joints que les Marie-Juamains enfournent alors dans un long tuyau, type pipe line, avec en bout de ligne une cheminée d’extraction qui débouche au coeur de Jama-Hic. Le pétard une fois allumé, le tabac se consume lentement et se répand alors dans la cité ennemie en une épaisse colonne de fumée suave et doucereuse, neutralisant les habitants et les rendant euphoriques et extatiques.
Le procédé d’enfumage est appelé le pomphiage du nom pomphiase qui signifie : braise de cigarette qui se consume lentement dans le revers d’un pantalon.
Tout porte à croire qu’après cette expérience, la paix va régner à nouveau sur l’île d’autant qu’il est à noter qu’un effet par sérendipité est survenu dans le village enfumé de Jama-Hic. En effet, à toute heure du jour comme de la nuit, les villageois, sous l’effet des vapeurs aphrodisiaques inhalées, chantent et dansent dans un mouvement chaloupé et sensuel qui prédisposent les esprits à la détente et à la joie.