La barque et le panier
Ils sont pays, tous deux,
pays de l’Ain,
L’une navigue
L’autre collectionne.
Elle a la bougeotte, la chaloupe,
A l’affût du moindre souffle
D’un léger roulis
Elle aime le mouvement,
Elle s’embarque facilement
En adoptant le courant.
Lui aime se poser,
Ne demande qu’à être comblé,
Le bois le réchauffe
Le raisin l’égaye
Les champignons l’embaument
Les feuilles mortes le ramasse à la pelle.
Se sont-ils déjà croisés sur une plage des bords de l’Ain ?
Peu de chance ! Elle a le pied marin, il a les pieds sur terre.
Un beau jour de Toussaint, ce sont le pêcheur et l’enfant qui les réunissent.
La rivière d’Ain s’écoule sous la brume, fidèle aux embruns du pays. Au milieu de l’eau, le pêcheur lance sa ligne au loin. Gestes saccadés, rythmés, barque en chaloupée.
L’enfant, en quête de noisette, s’est chargé du cueille-fruit, bien trop grand pour lui. Il glâne, il flâne, il s’égare sur le chemin des pêcheurs. Léger frou-frou d’un vol de cygnes qui aurait dû alerter le pêcheur car l’enfant est en train de glisser à son insu dans la vase de la rivière. Inconscient du danger, il ne veut ni lâcher son panier ni perdre sa cueillette. Alors en faisant des ronds dans l’eau, l’anse agitée du panier donne un signal d’alarme. Elle devient bouée de sauvetage et la barque spot de secours.
Dans un silence d’eaux et d’herbes
Le pêcheur, l’enfant et le panier
S’embarquèrent coude à coude
Vers les rives minérales
De la rivière en pente douce.