Récit humoristique pour montrer que l’eau nous échappe, qu’elle répond aux lois de la pesanteur et qu’elle prend la forme qu’elle veut
18:00 j’arrive chez la nourrice.” La journée s’est bien passée ? ” ” Aurélie a bien mangé, bien dormi, bien joué “. Bien sûr ! Je souris en coin. Je ne supporte plus ces simagrées. Je file, mon bébé contre moi, je retrouve son odeur, elle me titille le lobe de l’oreille, on se reconnaît.
Cinq minutes plus tard, nous voilà arrivées. Les bras chargés, courses et pain d’une main, Aurélie de l’autre, je pousse du coude la porte de mon immeuble. Que font tous ces gens dans le hall ? Leurs regards convergent sur nous, une furie, la dame du premier, bras au ciel, se jette sur moi, elle crie tant et tant que je comprends rien à ses propos. Tiens, Pierre, mon voisin de palier, est là, lui aussi, étonnant à cette heure-ci ! Et le monsieur du second, un ours mal léché qui ne salue jamais personne, que fait-il là ? Son regard réprobateur me transperce ! Et le prof d’anglais dont l’appartement est situé juste en dessous du nôtre, il tient une serpillière dégoulinante qui se répand sur le sol.
Je me tourne vers le seul regard amical en présence. ” Pierre, que se passe-t-il ? ”
Il me dit rapidement qu’il y a une fuite d’eau dans l’immeuble et qu’à chaque étage l’eau s’écoule le long des tuyauteries des radiateurs sans discontinuer depuis une heure au moins. Elle atteint le local à vélos et se répand maintenant dans les caves.
Dans la cacophonie ambiante, je crois comprendre que je suis suspectée d’en être à l’origine. Moi ?
Pierre me prend par le bras, nous montons jusqu’à mon palier, poursuivis par les voisins vociférant.
Force est de constater que de l’eau passe sous ma porte. Je mets la clef dans la porte qui résiste à ma poussée, une force semble la retenir. Elle cède sous ma pression et alors un flot, une vague déferle sur nous, nous éclaboussant de la tête aux pieds.
A partir d’une larme qui s’écoule de l’œil jusqu’à la commissure des lèvres
Une larme perle au coin de l’œil en émoi. La retenir à tout prix. Plus je veux la refouler, plus elle s’épanche, elle roule dans le sillon d’une ride, contourne ma bouche, se gonfle puis tombe sur le papier. Une flaque d’encre et d’eau mêlées, floutant, gommant les mots d’adieu que je viens d’écrire.
Haïkus et écrits inspirés par la cascade du Ray Pic
Nuages en cavale
A pic de sources en cascade
Trompettes de basalte
Cycle de la vie
La terre, le bois, l’eau, le feu
Présents en ce lieu
Force en furie
Plongeon dans le flot des eaux
Origines du temps
Au bout de la pluie, il y a la mer.
Et de la mer s’élèvent les nuages porteurs de la pluie de demain.
Voyageuse anonyme, noyée dans la masse, la goutte d’eau n’échappe pas à son destin.
Goutte de pluie, elle vient nourrir le sol qui la reçoit comme une bénédiction. Source de vie.
Perle de rivière, régurgitée par la terre, court et cascade.