Mythes et poésie

ICARE

Face à l’immensité du ciel
la caresse du vent
rassembler mes forces avant le décollage,
prisonnier de cette terre brûlante,
poussière de sable,
enfermement,
murs dressés de toutes parts,
oppression, couloirs, croisements, méandres à l’infini
lever les yeux versé ma délivrance,
respirer la brise parfumée qui me souffle son espoir, je cours,
je m’élance, je vole, je plane, ailes déployées, porté soulevé, libéré.
j’offre mon cœur à ce vertige qui me transporte toujours plus haut, A
la lumière qui me transperce ;
Roue de couleurs chatoyantes, effluves ambrées, poivrées, senteurs de
cannelle et de piment, poudres irisées.
La force d’un aimant qui m’attire vers sa splendeur étincelante.
Fermer les yeux, emporté par mon rire qui résonne, expulse mes angoisses
et mes peurs, un rire comme mille soleils scintillant d’éclats cuivrés dans un tourbillon
sans fin aux reflets bleutés, goût de sel sur mes lèvres, pluie d’écume d’argent pour
l’éternité glacée aux ombres du silence.
  

Mythes et humour

Hercule et Atlas

Qu’est-ce qu’elle va faire Athéna sans sa compote? Je lui ai promis pour ce soir sans faute un panier rempli de fruits dorés

 (Pas du tout envie de porter la voûte, j’ai des engagements moi, j’ai besoin de mes bras , de mes jambes, de ma liberté de mouvement) Tout de suite, attends un moment !

  • Dis-moi Hercule, c’est maintenant, me gratter le dos, ça démange, me dégourdir les jambes, allez
  • Juste un aller- retour au jardin des Hespérides et je suis à toi !
  • Impossible, tu viens là tout de suite.
  • Mon cher Atlas, je comprends que ta lourde charge te pèse mais après tout, pourquoi la transférer sur moi qui suis vraiment overbooké avec mes douze travaux ?
  • Un service, voilà ce que je te demande, un service URGENT. Maintenant,à l’instant, tout de suite. Tu veux quoi en échange ?
  • Tu proposes ?
  • je cueille les pommes pendant que tu soutiens la voûte.
  • Impossible
  • Pourquoi ?
  • Parce que les pommes, c’est pour moi. J’ai un engagement auprès d’Eurysthée mon cousin.
  • Alors, je nettoie les écuries d’Augias ? je capture le taureau de Crète ?
  • Mon vieux, tu rigoles
  • Pas du tout
  • Tu crois vraiment qu’on est interchangeables ? la voûte céleste, c’est ton job, pas le mien, vas donc chercher ailleurs de l’aide et du soutien, moi, j’en ai assez à expier, assez de tâches, assez de travaux avant de voir le bout du tunnel !
  • Ecoute Hercule, je te demande un service et te revaudrai ça, voilà tout, c’est toi qui choisiras.
  • Alors juste un moment, j’ai le dos fragile, les articulations en compote, et la compote d’Athéna, ça n’attend pas

Atlas le regarde fixement jusqua  lui faire détourner les yeux

  • Bon, ça va, j’arrive, le temps d’aller cueillir mes pommes et je suis à toi.

 

Mythes et arts plastiques

AMALILEA se présente

C’est vrai que mon allure peut surprendre, avec ma chevelure prune dressée au vent comme une coiffe, comme une fleur sauvage.

Il est possible que ma fragilité extérieure laisse croire à quelques défaillances profondes, comme si je n’étais faite que de papier et de carton.

Il n’est pas certain que j’arrive à convaincre dès le premier coup d’œil malgré l’ampleur de mes mouvements et ma démarche assurée.

On peut toujours dire : voilà une jolie fleur décorative !

Je refuse de penser que mon apparence dessert ma volonté profonde, je veux bien admettre qu’elle déstabilise, qu’elle fausse le jeu, qu’elle mène sur de fausses pistes.

Je ne pense pas qu’il faut s’attarder plus que de raison à cette première approche qui révèle au contraire une certaine liberté d’expression et une volonté de me trouver en accord avec le monde qui m’entoure, avec la nature et les êtres.

Je crois que je peux défendre mes convictions profondes, les miennes mais aussi défendre ceux qui ont besoin d’être protégés, suivre ma route mais aussi montrer le chemin à ceux qui ont besoin de ma force, de ma détermination, de ma soif de justice, de mon intégrité, car il me semble que c’est ce qui donne à mon existence son sens et sa valeur et qu”avec mes moyens, je peux travailler mes failles, mes doutes, les sublimer, les transcender, pour moi et aussi pour tous ceux qui auraient besoin de moi.

C’est là ma véritable raison d’être.

Mythes et légendes du Bouchet

Sur le chemin de Mézilhac montait péniblement un petit âne sur lequel montait de temps en temps la mère tenant enveloppé un beau petit enfant tandis que le père dirigeait l’âne par la bride..

La chaleur faisait ressortir les verts du paysage ,du jaune doré au bleu des conifères. Une paix accompagnait la famille en résonance avec la plénitude de la nature aride et généreuse à la fois. Leurs visages ne trahissaient aucune émotion, hâlés, burinés par les vents. A les voir avancer ainsi, on aurait pu croire qu’ils s’en allaient pour quelque promenade. L’enfant ouvrait ses yeux de miel sur le ciel d’un bleu dilué, confiant et rassuré.

Il faut de l’eau pour l’âne dit le père à la recherche de quelque coin d’ombre.

Un peu plus haut, sur la droite, coule un ruisseau et les voilà qui bifurquent vers le chemin ombragé où ils pourront se reposer un moment tous les trois et reposer leur monture. Il est midi. Marthe prépare le repas. Par ces chaleurs, quelques fruits frais seraient bienvenus et ne pas oublier l’eau de source pour les voyageurs .Ils ne devraient pas tarder à arriver. Son visage est tendu, elle sait que les routes ne sont pas sûres. On parle ces temps-ci au village d’un monstre, mais comment croire à ces fadaises ?

Un monstre dans la vallée, sorti tout droit de la lauzière , chose informe et sombre qui détruirait tout sur son passage. Sorti de la lauzière ou des contes qui se disaient à la veillée, comment savoir, comment résister à la peur? comment se protéger ? comment combattre ?

Marthe s’assoie auprès de la petite fenêtre et concentre toutes ses forces sur sa fille qui doit venir passer quelques temps chez elle avec l’enfant. Préparer le petit lit et les protéger le temps de la menace, c’est bien ce qu’elle a compris quand son gendre est venu la voir l’autre soir pour lui demander de l’aide.

Mettre en sécurité la mère et l’enfant afin que lui puisse rejoindre les hommes de Mézilhac qui commencent à organiser une véritable lutte armée contre le monstre. La rumeur avait fait courir le bruit, de maison en maison, elle circulait, s’amplifiait et commençait à transporter avec elle un vent de panique. Il fallait lutter et mettre en commun tous les moyens dont disposait le village, s’organiser, se mobiliser et mettre à l’abri femmes et enfants.

La menace grondait, se rapprochait. Des forêts dévastées, des troupeaux piétinés et quelques maisons détruites. Certains affirmaient même avoir vu une chose énorme traverser le ciel.

D’où venait la menace ? Du fond des lauzes ou de derrière les montagnes aux courbes pourtant si harmonieuses ?

Quand enfin l’âne arriva devant la maison de Marthe, déchargeant la mère et son petit, Marthe tremblante les fit pénétrer dans la fraîcheur des murs de pierre, et alors, elle demanda à l’homme de venir l’aider.

– Va voir chez Georges, dans la maison voisine, ça presse.

Quelques hommes étaient rassemblés, ils racontaient les derniers événements : ceux du village d’en face avaient réussi à encercler le monstre et l’avaient lapidé puis, armés de fusils, ils s’étaient acharnés sur lui et l’avaient achevé.

Ils racontaient encore que pour calmer la soif de son agonie, le dragon ailé avait descendu la vallée de la Loire et de la Veyrdayre et qu’il en avait bu toute l’eau jusque près du lac d’Issarlès où sommeille une ville engloutie.

Mythes et vents

Enchevêtrements
Mécanismes alambiqués
Bras levés au vent

Au creux des vallons
tentacules offertes au vent
Machine à l’arrêt

Derrière la maison
Machinerie de métal
Haut les bras au ciel

Entre ciel et terre
Perchés à l’écoute des vents
C’est le ventographe

Dehors, dedans

Une barque, une lampe,
Sur l’eau, douce lumière,
Des ombres, des reflets,
Une barque le soir,
Une lampe allumée,
Le calme d’un tableau,
Silence, bruit des feuilles.
Sur le miroir, glisser…
La clarté des collines
Celle sous l’abat-jour
D’un losange au plafond
Découpé lumineux ;

Les grandes baies vitrées
Donnent sur la vallée
Et la rivière l’Ain
OA? la barque au ponton
Se retrouve attachéeî;
Et nous huit sommes là
Muets et immobiles
Comme vaisseaux fixés
Dans la salle d’étage
Au poêle ronronnant
Avec lampe carré
Fagot de bois flottant ;

Voyageuse pourtant
L’imagination va,
Dans le courant des textes
Sur le papier noirci
L’obscur sur nous descend
Comme douce enveloppe
Et le jour déclinant
Allume les sommets
La lampe notre amie
éclaire nos esprits
Voguant en poésie.

Le goût des bonnes choses

Le linceul noir de la nuit enveloppe la résurrection du jour.

J’aime les aubes de mauve ou de violette qui peu à peu révèlent les formes familières dans le jardin, qui se dégage lentement de sa brume nocturne ; la rosée habille les herbes, l’aiguail, les feuilles, de mille parures humides, qui scintilleront bientôt sous les feux de l’aurore.
Le vent, d’un léger souffle rencontre les tiges malhabiles des fleurs qui longent le vieux mur. Quelques oiseaux s’éveillent et lancent leur premier cris. Le soleil va percer les ombres de ses éblouissants rayons. De nouveau, il régnera sur le monde, déversant la splendeur de sa lumière sur toutes chose.

Je m’éveille. Je songe au déjeuner. L’odeur du café, du pain grillé finement beurré, un jus d’orange pressé, une bonne confiture.

Quelque chose d’indéfinissable. Le bonheur des jours tranquilles est dans l’air autour de moi. Je suis seul, et personne ne m’oblige à rien. Je me laisse vivre dans la paix, sans la moindre obligation, sans un bruit perturbant. La vie chante sa chanson douce.

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Adopter un livre

Tant de livres ! Qu’il est difficile d’en choisir. J’ai la nécessité de tous et ceux qui me restent à découvrir, sont aussi importants pour moi, que j’ai lu déjà et qui attendent ma relecture. En choisir un m’est impossible. Mais qu’un livre me choisisse, cela m’est arrivé avec les écrits d’Etty Hillesum. Ce fut vraiment comme une rencontre. Une rencontre préparée et annoncée.

Ce fut Sylvie Germain qui m’en parla la première, dans un ouvrage dont j’ai oublié le titre, elle évoquait ce nom, cette figure, et ce titre à Une Vie bouleversée. Le temps passa un peu mais l’évocation ne pouvait rester sans suite et je me procurai le livre. Je lus le livre par un séjour de neige, dans le Vercors et les flocons semblaient tourner les pages avec la légèreté profonde de la mélancolie alliée à la beauté et à la vérité Les Lettres de Westerbork, suivait ce résumé des onze cahier du journal des deux dernières années de vie (1941-1943)de la jeune amsterdamoise, décédée à 28 ans.

C’est un livre que l’on n’oublie pas et qui vous en demande encore davantage. Et je l’obtins quelques années plus tard, avec la parution cette fois complète et intégrale du journal (dont manque pourtant l’un des cahiers, disparu, à jamais ?) et de l’ensemble des écrits conservés, lettres, notes et documents.
Un ensemble de mille pages bien serrées, lues et relues, et puis cette décision peu à peu qui s’impose, reprendre en Poésie, chacun des cahiers, les traduire en mes mots, et les publier, faire partager, cette rencontre, ce compagnonnage, cette adoption.