Roux l’écureuil
De branche en branche caracole
Lumière du matin
Etoile russe
Guide nos pas dans la nuit
Art-y-fit ciel bleu
Roux l’écureuil
De branche en branche caracole
Lumière du matin
Etoile russe
Guide nos pas dans la nuit
Art-y-fit ciel bleu
Passons aux choses sérieuses
A l’objet qui nous réunit : l’écriture
Pour certains, ce n’est pas chose facile
Moi, çà me rend toute chose
J’ai de temps en temps besoin de prendre une pause
Parfois même j’en ai ma dose
Alors je passe à autre chose
Aux choses de la vie
Au bon repas que l’on va partager, par exemple
Mais çà, c’est autre chose.
Un turbulent silence d’André Brink, écrivain sud-africain d’expressions afrikaans et anglaise, est un livre choral qui relate des circonstances et des conséquences d’un crime perpétré dans le bush. Chaque événement est mis en perspective par des protagonistes différents qui, chacun à leur tour, détaillent leurs ressentis et leur interprétation personnelle dudit événement.
Ce roman se déroule à l’époque féroce de l’Apartheid en Afrique du Sud dans un paysage sauvage et sous un climat lourd et pesant. Les non-dits et la non communication entre les êtres conduisent à un drame qui enfle et que l’on pressent au fil du livre.
Tant la forme que le fond de ce roman me fascinent. Il y a plus de trente ans que je l’ai lu et il fait encore écho en moi au point de m’inspirer le sujet et la structuration de mon projet d’écriture en cours.
L’île de Juam, île de l’archipel Mardi s’ouvre sur un lagon et se compose de deux villages : Marie-Juama et Juama-Hic. Son climat tropical est favorable à la culture du tabac qui constitue la ressource principale de cet îlot océanique. Cette île est bénie, un véritable éden. Dieu n’est-il pas un fumeur de havane dont les volutes montent jusqu’au paradis ? Pourtant un conflit ancestral divise les deux cités de l’île, le torchon brûle entre les habitants qui ne communiquent entre eux que par échanges de fumigènes puants visant à s’enfumer régulièrement et réciproquement.
C’est ainsi qu’un nuage permanent flotte au-dessus de l’île, l’isolant du regard du reste du monde et empêchant l’abordage de tout navire et l’atterrissage de tout engin volant. Seule distraction offerte aux habitants : trouver le remède pour lutter contre l’enfumage du village voisin et ainsi renforcer sa propre capacité à l’anéantir.
Les esprits fumeux de Marie-Juama se penchA?rent ardemment sur le sujet et après maintes recherches et tâtonnements, mirent au point en laboratoire un plan de tabac aux pouvoirs aphrodisiaques. Ils passèrent de l’expérimentation à la culture intensive du plan. Voici venu le jour tant attendu de la première cueillette des feuilles. Une fois sèches, elles sont roulées en d’énormes joints que les Marie-Juamains enfournent alors dans un long tuyau, type pipe line, avec en bout de ligne une cheminée d’extraction qui débouche au coeur de Jama-Hic. Le pétard une fois allumé, le tabac se consume lentement et se répand alors dans la cité ennemie en une épaisse colonne de fumée suave et doucereuse, neutralisant les habitants et les rendant euphoriques et extatiques.
Le procédé d’enfumage est appelé le pomphiage du nom pomphiase qui signifie : braise de cigarette qui se consume lentement dans le revers d’un pantalon.
Tout porte à croire qu’après cette expérience, la paix va régner à nouveau sur l’île d’autant qu’il est à noter qu’un effet par sérendipité est survenu dans le village enfumé de Jama-Hic. En effet, à toute heure du jour comme de la nuit, les villageois, sous l’effet des vapeurs aphrodisiaques inhalées, chantent et dansent dans un mouvement chaloupé et sensuel qui prédisposent les esprits à la détente et à la joie.
” Tout ce qui est de nature à mal tourné tournera mal “. Un adage que m’inspire le drame dont je fus le témoin.
J’aime à flâner sur quai de la Pêcherie au bord de la Saône à Lyon. Les bouquinistes y tiennent boutique offrant au regard des passants des trésors de livres oubliés, abandonnés par mésestime ou ignorance de leurs ingrats propriétaires qui s’en débarrassent sans vergogne. Continuer la lecture
Quelle pression ce matin ! J’anime dans deux heures un stage de team building auprès du comité de direction des Salaisons du Mézenc quand tout à coup je m’aperçois qu’un élément essentiel manque à la panoplie de mes outils de communication : la performance. Je me précipite dans les rues du Monastier sur Gazeille, lieu du stage, pour tenter de trouver une boutique qui en disposerait. Je pousse la porte du premier magasin venu, une sorte de bric-à-brac où s’accumulent des vieilleries empoussiérées, une caverne d’Ali Baba où se côtoient des poêles en fonte en tout genre et des objets insolites. Le boutiquier pointe son nez du fond de son antre. Il semble aussi âgé que les objets qu’ils proposent à la vente. Gageons que de ce bric-à-brac il puisse me dénicher ce qu’il me faut.
– Bonjour Monsieur, je recherche de la performance. En auriez-vous en rayon ?
De la performance ? Je ne vois pas ce que c’est. Par contre, j’ai un très bon miel bio de la récolte de cette année que je vous recommande.
Je vous remercie mais je n’en ai pas besoin. Par contre, il est important que je puisse disposer dans l’heure de “performance”. (Yeux ahuris du boutiquier). Vous voyez certainement de quoi je veux parler. La performance, le moyen de performer, d’être plus efficace, que dis-je efficace, efficient serait plus juste, c’est-à-dire permettre d’atteindre dans les délais un objectif fixé avec une économie de moyens pour obtenir un résultat de qualité qui réponde à l’attente du client. (Yeux exorbités du boutiquier).
Alors là mon gars, je ne peux pas grand-chose pour toi. Ici, je ne fais que dans l’antiquité et dans le miel. Et la performance on n’en a jamais eu besoin sur le plateau. C’est un truc des gens de la ville. Ici, on fait ce qu’on a à faire et c’est tout. Je tiens cette boutique le matin, j’ai pris la suite du père qui lui-même tenait la boutique de son propre père. On est antiquaires depuis quatre générations. C’est vous dire le stock que l’on a. Et puis comme, les aprês midi, je peux m’adonner à ma passion : les ruches. Elles produisent un miel de première qualité. Je vous le recommande et pour ce que vous cherchez, la performance, c’est, si j’ai bien compris, je me demande si mes abeilles, elles, n’en produisent pas.
Deux lascars, ayant, chacun de leur côté, vécu une vie d’aventure, se retrouvent sur un même lit d’hôpital. Le premier, Giscard, a perdu l’œil droit, aussi la partie droite de la commissure de ses lèvres; une partie de l’une de ses joues est aussi creusée.
C’est vrai que j’avais qu’à pas faire l’andouille dit-il laborieusement; il est possible que je m’étrangle à chaque bouchée. Avaler de la purée jusqu’à la fin de mes jours, quelle tuile!
D’abord, une montée pentue, estivale, aux mille et une senteurs. Au sommet, l’entrée dans un autre monde minéral, désordonné, en déroute avec cette impression subite et désagréable d’être pris à la gorge, comme si un crash aérien venait de s’y dérouler.
En effet, l’avion, tel un reptilien semblait s’être couché là, par convulsions multiples et phénoménales, au point d’avoir projeté en tout sens mille salves de pierres, s’étant frayé un passage, de manière déterminée, dans les entrailles de cette lauzière abandonnée, en y creusant des excavations, des béances, telles des cicatrices à ciel ouvert. Je marchais sur un cimetière sans le savoir! Pour un peu, monterait une odeur de charogne; et même le crissement de mes pas, presque cristallin, me faisait frémir d’horreur aux cris des condamnés.
Alors que l’horizon, dégagé de toutes fumerolles, arbore un ciel sans nuages, je ne vois ici que la malédiction d’Adam qui se continue.
Six jeunes garçons y vagabondaient de-ci, de-là, tour à tour d’humeur fantasque ou apaisée : leurs prunelles contenaient toutes les teintes verdoyantes des alentours ; leurs oreilles, entraînées aux multiples trilles des oiseaux des bois, fourmillaient de sifflements, de cris, de mélopées.
A la tombée du jour, à cette heure dite entre chien et loup, sans même avoir besoin de se concerter, ils se regroupaient et unissaient leur voix en la clairière. Ce moment enchantait leur mère. Même les animaux des bois s’immobilisaient un instant, pointant leurs oreilles dans leur direction. Continuer la lecture
Péniblement, sur le chemin de Mézilhac, avance un petit âne. Il porte un précieux fardeau : une mère tenant enveloppé dans un châle son beau petit enfant. Le père dirige l’équipage par la bride.
Ils fuient les persécutions religieuses qui sévissent dans la région. Continuer la lecture