Par un froid matin d’hiver, sous un ciel limpide traversé par un effilé de nuages, Yuki tire son petit frère par la manche. Nao renâcle à se rendre à l’école. Emmitouflés sous quatre couches de paletots matelassés, les pieds enveloppés de papier dans leurs sabots d bois, ils avancent, courbés contre le vent, réduits au silence de crainte que le vent ne s’engouffre et leur glace la poitrine.
Nao tombe une nouvelle fois à genoux sur le chemin enneigé. Étoile crucifiée, engoncé sous les couches de vêtements, il tarde à se relever, à faire surface, à reprendre pied. Tel un nageur épuisé, ankylosé de tous ses membres, il se laisse couler sans se débattre.
Yuko le tire par les bras, par les pieds, elle lui frappe le dos, le retourne, l’appelle, tente de soulever son petit corps inerte. Elle souffle sur ses mains, sur ses yeux, sur sa bouche. L’enfant s’anime, fait surfaces, des larmes de neige inondent son visage bleui. Elle l’enlace si fort jusqu’à manquer de l’étouffer. Pris d’une toux, hoquetant, Nao hume l’air, ses narines se gonflent, ses yeux s’agrandissent démesurément, vers quel rivage a-t-il dérivé ? Il semble la reconnaître, lui sourit et dans un élAn s’abandonne à l’étreinte, leurs cours battant à l’unisson.