Le mont Signon
D’abord, une montée pentue, estivale, aux mille et une senteurs. Au sommet, l’entrée dans un autre monde minéral, désordonné, en déroute avec cette impression subite et désagréable d’être pris à la gorge, comme si un crash aérien venait de s’y dérouler.
En effet, l’avion, tel un reptilien semblait s’être couché là, par convulsions multiples et phénoménales, au point d’avoir projeté en tout sens mille salves de pierres, s’étant frayé un passage, de manière déterminée, dans les entrailles de cette lauzière abandonnée, en y creusant des excavations, des béances, telles des cicatrices à ciel ouvert. Je marchais sur un cimetière sans le savoir! Pour un peu, monterait une odeur de charogne; et même le crissement de mes pas, presque cristallin, me faisait frémir d’horreur aux cris des condamnés.
Alors que l’horizon, dégagé de toutes fumerolles, arbore un ciel sans nuages, je ne vois ici que la malédiction d’Adam qui se continue.