Pour tout bagage, Dame Héron tient en son bec un fragment de barbe de palmier du jardin exotique de la famille Campagne, au bord de la rivière Ain. Ce palmier éventail aura bien la fibre voire la palme pour abriter un prochain nid, pense-t-elle : il s’adosse au pilier et est bien enraciné sur la rive droite ! Certes sa plus haute branche est fragile et plie déjà sous mon poids ! Pour autant Dame Héron dare-dare y construit un nid en quatre coups de bec. Sieur Héron lui n’est pas pressé de se caser, il préfère batifoler de falaise en falaise, de rive en rive, au gré des vents et des courants d’Ain. Il aura bien le temps… Continuer la lecture
Archives de catégorie : CLAIRE
Jeu loufoque
Une danseuse invisible
Sur un mystérieux transatlantique
Se fait photographier
Sur le pont
Un cure dent à la main
Étoile improbable
Une starlette sur goélette
Sans clé à molette.
Rouage verdâtre sur pilotis
Mauvais signe
Embrayage, débrayage,
Barcelone n’est pas loin.
La goélette file du mauvais coton.
Où sont passées les clés à molette ?
Non pas les cure dents
Les clés à molester !
C’est sérieux, sir ?
Or la bataille n’est pas franchement terminée : que vais-je devenir maintenant face à une telle offensive ? La bataille fut longue, épaisse, sonore, nauséabonde. J’ai donné le meilleur.
Le virus s’est propagé, sans modération, comme les galets d’une marée noire, instable, insidieux, nuisible, mortel !
Je me bats pour garder les yeux ouverts, en vain…
Je me bats pour respirer dans la puanteur acide…
Je me bats pour vivre, encore un peu …
Se battre : un avenir, pour qui, pour quoi ? Est-ce juste de combattre ?
Après avoir assassiné chiens, chats, rats, chevaux, veaux, vaches, cochons, quel humain résistera à cette hécatombe ?
Profonde solitude, immense tristesse, désespoir…et la tendresse ?
C’est sérieux, sir ? dit l’infirmière en me piquant les fesses comme chaque matin.
Un jeune homme de bonne famille
Marche après marche, étage après étage, un jeune homme de bonne famille réalise qu’ habiter un monde impossible à mesurer le dépasse, lui fils d’Adam, qui assure une présence permanente, le cœur battant et avec une inépuisable énergie.” Plus de feu” est sa devise !
La vie deviendrait-elle une tragédie si la limite a été dépassée ? Ne faudrait-il pas choisir la voie du milieu, ni trop ni pas assez ?
L’art et la manière de masquer ses émotions ne lui ont pas été enseigné !
Il ne croit pas beaucoup à la chance ni à sa renommée d’orateur.
Cela l’aurait-il épargné de ne pas renoncer au paysage au ras de la plage, lui qui l’aime tant ?
Jeune homme, la forêt vous attend, écoutez sa chanson, le sentier du bonheur, on voit grandir les cœurs gravés…
Dernier recours
En dernier recours, le chercheur d’or monte seul en direction des rochers, près des falaises. Les anciens assurent que les meilleures pépites se trouveraient encore là dans une galerie abandonnée. La nuit a été épaisse, un brouillard opaque a enveloppé les cabanes de fortune de ce village de forçats. Cheminées sans fumée, ruissellement d’immondices rendent l’atmosphère lugubre. L’air est glacé. L’entrée de l’ancienne galerie est obstruée. Il veille sur son sac d’explosifs. L’homme a pris soin de se couvrir de la pelisse volée à Matakari la fille du chef.
Elle l’attend là-haut de bon matin.
– Ce manteau ne te protègera de rien, dit Matakari en faisant face, tu es un voleur, un menteur, un violeur, tu mérites la mort la plus atroce, je suis là. Continuer la lecture
Dans le noir, toutes les couleurs s’accordent

Soulages
Quand se fait le noir, sous ses yeux bandés, odeurs et sons
arrivent en vrac, rien ne s’accorde. Arômes fleuries ou vanillées, fumets poivrés, effluves chocolatées, senteur balsamique, sauces musquées ou piquantes. Surgissent des notes cristallines, de la musique andalouse, une mélodie tzigane, une voix d’opéra. Nuit noire, cocktail de saveurs, de teintes et de notes, palette olfactive, émulsion musicale, gamme aromatique, qui l’emporte ?

Soulages
? Dans le noir toutes les couleurs s’accordent mais qu’en est-il de la sensualité si subtile du noir, volatile, fragile ? La couleur noire nous dévoilera-t-elle sa gamme de nuances ? Serait-elle un écrin où se fondent les coloris, où s’assemblent les pigments, où se
dissimulent les nuances, où toute autre couleur disparaîtrait
à jamais ?
Le Râdome
Au cœur de la ville, près du fleuve Rhône, s’est posé un dôme, blanc, monumental, sur la grande place il en impose.
Longer le Râdome par un chemin de bois, marcher, entendre la ville et soudain être invitée par le son des vibrations musicales.
Échappées du dôme, entrer sous la coupole, s’asseoir au bord d’un bassin aquatique aux eaux bleues, s’étonner, regarder circuler les notes de musiques déposées à fleur d’eau, elles carillonnent, elles se déplacent et s’entrechoquent au gré de leur croisement, elles flottent…coupes de porcelaine blanche, unies par des sons, dispersées par des ondulations aquatiques.
Je savoure la valse de ces mélodies de bohème aux résonances cristallines.
La vie idéale
Grand-mère serait là, le cheval aussi
Courent les poules grognent les cochons
Du pigeonnier volent les tourterelles
Des arbres du silence et un puits.
Grand-père au champ près de sa vigne
Des hirondelles sous les poutrelles
Vaches en prairie le lait dans l’écuelle
Au soleil couchant un vol de cygnes.
De l’orange au bleu
Un roc
Massemblumoi reste perché sur un roc brun dominant l’anse Blionassemu, village en bord de mer, abandonné, où seul vit encore un ermite. Les rues pavées ne longent que des maisons de pierre effondrées aux toits béants. La chapelle romane plutôt bien conservée domine, refuge des rapaces des pigeons voyageurs et des mulots. La bergerie de l’ermite, à l’écart du bourg, attire par son abreuvoir d’eau fraîche. La montagne n’est pas loin.