Que Dieu te bénisse mon amie d’un soir
On m’a enfermé dans une cellule souterraine
Comme lorsque j’étais gosse pour quelques sottises
Ou vilénies à l’abri du soleil de Venise
Au calme de ma chambre je suis heureux
Loin de la tutelle des parents et des ainés
Ravalant mon chagrin dans une attitude pieuse
Tout n’est ici que paroles, calme et volupté
Dans ma retraite secrète je songe à la convivialité
Des plantureuses femmes et des beaux hommes musclés
Dégustant de la quiche lorraine en coiffes et sabots
Ou de la tartiflette de pommes de terre du Canton de Vaud
Je me pourlèche les babines de fondue savoyarde
Les fils du fromage hypnotisant les yeux de mes petits enfants
Et j’admire au musée du gout des chromos aux couleurs criardes
Calibrant des compositions d’un Arcimboldo du ravissement
Quand l’enfermement est trop dur à supporter
Je songe à mon amie d’enfance et à ses poissons à la vapeur
Et ses tartes sans gluten et ses mets très élaborés
Telle une chaman de la diététique de la cuisine sans beurre
Grace à la poésie, à la peinture et aux arts plastiques
Je vais à la rencontre de mes semblables addicts
Qui me renvoient en miroir ma félicité de gourmet
M’aidant ainsi à supporter ma propre voracité