L’âme de l’enfant au bord des cils
Le regard émerveillé.
Elle observe la caresse des vagues sur la plage, les scintillements mêlés du sable et de l’eau.
Sa peau est dorée comme à la fin de l’été. Ses cheveux blonds sont secs et décolorés, ses lèvres fendillées par la chaleur et le vent. Elle est rassasiée d’air marin, d’air iodé, comme écœurée de l’odeur des algues.
Elle court nue et saute chaque vaguelette en criant de joie.
Le temps est arrêté. Les jours s’écoulent au rythme de la nage.
Mais les flots et le vent se lèvent. Ils se lèvent avec leurs armes menaçantes. Ils dévastent la plage, ils écroulent la digue. Radieuses, la mère et l’enfant admirent le spectacle triomphant de la nature déchaînée. L’enfant se poste face au vent, les bras écartés, tel un oiseau, et teste sa force contre lui. Elle lèche les embruns qui éclaboussent son visage. Elle s’étonne du ronflement puissant des rouleaux.
Elles avaient pourtant senti venir les prémisses de la tempête : un ciel moins limpide, une mer trop calme, étale et lourde.
-Viens, rentrons, dit l’adulte. C’est la fin de l’été.
Le portable sonne, les conversations automnales reprennent.
L’enfant ferme les yeux, se bouche les oreilles, se recroqueville et enferme dans sa main ses trésors de l’été : un grain de sable, une paillette de soleil, un fragment d’algues et le murmure de la mer.