Archives de catégorie : CABAN’AIN 2016

La boutique à mots

Participation.

J’entre dans la boutique à mots.
_ Bonjour, j’ai pensé à votre boutique spécialisée car je cherche désespérément à acheter de la participation.

_ Bienvenue, vous êtes au bon endroit, et comme vous le voyez nous sommes bien achalandés en mots, en tous genres, et aujourd’hui, aujourd’hui seulement, en pots de miel bio, promotion exceptionnelle, 5 euros le pot de 500 grs. Continuer la lecture

Le libraire

Entre amis.

 C’était après un dîner d’amis, de vieux amis. Ils étaient cinq : un écrivain, un médecin et trois célibataires riches, sans profession.  Ce fut une soirée animée, bien arrosée comme d’habitude. Pourtant une fois de plus, aucun n’a su avouer son activité nocturne à la boutique ? La Malle Ouverte ? Pourtant tous les noctambules en mal d’aventures la fréquentent cette échoppe ésotérique : sans jamais se le dire ? Secret de polichinelle ! Continuer la lecture

Le gout des bonnes choses

Perles.

Elle naît de l’océan
S’élève en eau salée
S’agite sous les flots
Aile de papillon
A portée de main
A portée de couteau
Le silence de mer la berce
L’énergie solaire la nourrit
Elle se la coule douce sous sa coquille.

Soupir étonné de la feuille de thé
Parfum végétal
Arôme floral
Infusée dans une minuscule
Théière d’antan
Venue d’ailleurs
Esprit de l’eau
Brume de souvenirs
Instant d’éternité.

Destins croisés
Sans lendemain
D’une huître vert-émeraude
A la saveur iodée
D’une feuille de thé bleu-vert
A la fragrance osmanthus.

fleur et feuille de thA�

 

Poème de bric et de broc

Passons aux choses sérieuses
A l’objet qui nous réunit : l’écriture
Pour certains, ce n’est pas chose facile
Moi, çà me rend toute chose
J’ai de temps en temps besoin de prendre une pause
Parfois même j’en ai ma dose
Alors je passe à autre chose
Aux choses de la vie
Au bon repas que l’on va partager, par exemple
Mais çà, c’est autre chose. 

Adopter un livre

Un turbulent silence d’André Brink, écrivain sud-africain d’expressions afrikaans et anglaise, est un livre choral qui relate des circonstances et des conséquences d’un crime perpétré dans le bush. Chaque événement est mis en perspective par des protagonistes différents qui, chacun à leur tour, détaillent leurs ressentis et leur interprétation personnelle dudit événement.

Ce roman se déroule à l’époque féroce de l’Apartheid en Afrique du Sud dans un paysage sauvage et sous un climat lourd et pesant. Les non-dits et la non communication entre les êtres conduisent à un drame qui enfle et que l’on pressent au fil du livre.

Tant la forme que le fond de ce roman me fascinent. Il y a plus de trente ans que je l’ai lu et il fait encore écho en moi au point de m’inspirer le sujet et la structuration de mon projet d’écriture en cours.

Chronique insolite

L’île de Juam, île de l’archipel Mardi s’ouvre sur un lagon et se compose de deux villages : Marie-Juama et Juama-Hic. Son climat tropical est favorable à la culture du tabac qui constitue la ressource principale de cet îlot océanique. Cette île est bénie, un véritable éden. Dieu n’est-il pas un fumeur de havane dont les volutes montent jusqu’au paradis ? Pourtant un conflit ancestral divise les deux cités de l’île, le torchon brûle entre les habitants qui ne communiquent entre eux que par échanges de fumigènes puants visant à s’enfumer régulièrement et réciproquement.

C’est ainsi qu’un nuage permanent flotte au-dessus de l’île, l’isolant du regard du reste du monde et empêchant l’abordage de tout navire et l’atterrissage de tout engin volant. Seule distraction offerte aux habitants : trouver le remède pour lutter contre l’enfumage du village voisin et ainsi renforcer sa propre capacité à l’anéantir.

Les esprits fumeux de Marie-Juama se penchA?rent ardemment sur le sujet et après maintes recherches et tâtonnements, mirent au point en laboratoire un plan de tabac aux pouvoirs aphrodisiaques. Ils passèrent de l’expérimentation à la culture intensive du plan. Voici venu le jour tant attendu de la première cueillette des feuilles. Une fois sèches, elles sont roulées en d’énormes joints que les Marie-Juamains enfournent alors dans un long tuyau, type pipe line, avec en bout de ligne une cheminée d’extraction qui débouche au coeur de Jama-Hic. Le pétard une fois allumé, le tabac se consume lentement et se répand alors dans la cité ennemie en une épaisse colonne de fumée suave et doucereuse, neutralisant les habitants et les rendant euphoriques et extatiques.

Le procédé d’enfumage est appelé le pomphiage du nom pomphiase qui signifie : braise de cigarette qui se consume lentement dans le revers d’un pantalon.

Tout porte à croire qu’après cette expérience, la paix va régner à nouveau sur l’île d’autant qu’il est à noter qu’un effet par sérendipité est survenu dans le village enfumé de Jama-Hic. En effet, à toute heure du jour comme de la nuit, les villageois, sous l’effet des vapeurs aphrodisiaques inhalées, chantent et dansent dans un mouvement chaloupé et sensuel qui prédisposent les esprits à la détente et à la joie.

Le libraire

” Tout ce qui est de nature à mal tourné tournera mal “. Un adage que m’inspire le drame dont je fus le témoin.

J’aime à flâner sur quai de la Pêcherie au bord de la Saône à Lyon. Les bouquinistes y tiennent boutique offrant au regard des passants des trésors de livres oubliés, abandonnés par mésestime ou ignorance de leurs ingrats propriétaires qui s’en débarrassent sans vergogne. Continuer la lecture

Retours à chaud suite au stage Caban’Ain 2016

Claire : “ Chambod, c’est beau.Il y fait bon vivre grâce à Marino et Nadia et les écrits sont chauds, chauds, chauds……..

Mary : ” la douceur des lieux, la chaleur de la cheminée et de notre amitié fait qu’une émulation nait et s’épand tout au long des journées. Quel bouquet de mots, que de brassées de phrases. Il est un bonheur partagé“.

Catherine : ‘au bord de l’Ain, c’est la chance magnifique que l’on a de faire un stage d’écriture automnale, dans cette maison extraordinaire, qui nous laisse des lieux de tranquillité et d’émerveillement pour pouvoir compléter les consignes que l’on nous donnent et que l’on suit avec toujours autant de plaisir

Michelle : “je reviens à Chambod parce que le cadre est magnifique et que j’aime bien faire, en fin de compte, des fugues littéraires. A la fois, on se croit en France ici, mais aussi, ça rappelle le Canada, la Chine et aussi les fjords norvégiens. Là, on y puise inspiration, quiétude, entouré d’amis, écrivants, écrivains

Sylvia : “C’est déjà le départ. Merci à tous pour ces bons moments passés ensemble

La boutique à mots

Quelle pression ce matin ! J’anime dans deux heures un stage de team building auprès du comité de direction des Salaisons du Mézenc quand tout à coup je m’aperçois qu’un élément essentiel manque à la panoplie de mes outils de communication : la performance. Je me précipite dans les rues du Monastier sur Gazeille, lieu du stage, pour tenter de trouver une boutique qui en disposerait. Je pousse la porte du premier magasin venu, une sorte de bric-à-brac où s’accumulent des vieilleries empoussiérées, une caverne d’Ali Baba où se côtoient des poêles en fonte en tout genre et des objets insolites. Le boutiquier pointe son nez du fond de son antre. Il semble aussi âgé que les objets qu’ils proposent à la vente. Gageons que de ce bric-à-brac il puisse me dénicher ce qu’il me faut.

– Bonjour Monsieur, je recherche de la performance. En auriez-vous en rayon ?

 De la performance ? Je ne vois pas ce que c’est. Par contre, j’ai un très bon miel bio de la récolte de cette année que je vous recommande.

 Je vous remercie mais je n’en ai pas besoin. Par contre, il est important que je puisse disposer dans l’heure de “performance”. (Yeux ahuris du boutiquier). Vous voyez certainement de quoi je veux parler. La performance, le moyen de performer, d’être plus efficace, que dis-je efficace, efficient serait plus juste, c’est-à-dire permettre d’atteindre dans les délais un objectif fixé avec une économie de moyens pour obtenir un résultat de qualité qui réponde à l’attente du client. (Yeux exorbités du boutiquier).

Alors là mon gars, je ne peux pas grand-chose pour toi. Ici, je ne fais que dans l’antiquité et dans le miel. Et la performance on n’en a jamais eu besoin sur le plateau. C’est un truc des gens de la ville. Ici, on fait ce qu’on a à faire et c’est tout. Je tiens cette boutique le matin, j’ai pris la suite du père qui lui-même tenait la boutique de son propre père. On est antiquaires depuis quatre générations. C’est vous dire le stock que l’on a. Et puis comme, les aprês midi, je peux m’adonner à ma passion : les ruches. Elles produisent un miel de première qualité. Je vous le recommande et pour ce que vous cherchez, la performance, c’est, si j’ai bien compris, je me demande si mes abeilles, elles, n’en produisent pas.