La danseuse décomposée fait des pointes sur le ponton d’un transatlantique sous le regard médusé de l’équipage envouté par les arabesques de l’étoile. Tandis que le mécanicien en chef, maitre du ventre de l’immense goélette, fier comme un baldaquin, assourdi par le tonitruant bruit des moteurs, active sans fin la machine infernale qu’il a fabriqué de ses mains. Il la nomme Barcelone, en souvenir des longues années passées dans les geôles de sa prison pendant lesquelles il a conçu son redoutable engin. Composé de clefs à mollette, de roues d’engrenage, de pièces d’armurerie, l’homme, reclus, sourd à la liesse de la foule sur le pont, jubile à passer à l’aboutissement de son œuvre.
Un dernier cure-dents dans la roue infernale, il se recule et, béat, admire sa créature.