La bA?te d’IssarlA?s

A la tombA�e de la nuit, da��effrayantes ombres hantent les parois glacA�es de la caverne oA? il est nA�. Au coucher du soleil, il a pris la��habitude de sortir au bord du lac quand le calme gagne ses rives volcaniques A�clairA�es par la pleine lune, ce soir. Un battement da��aile inhabituel A�veille sa curiositA�, suivi da��un cri strident. De frayeur, il trA�buche sur les racines sculptA�es da��un saule courbA� sur les eaux mystA�rieuses du lac lA�gendaire. Il s’assomme.

Les yeux perA�ants de la bA?te ont de suite vu la��enfant sa��effondrer. Au milieu des eaux glacA�es, la vigie attentive sa��immobilise. Ses pattes palmA�es sont plantA�es au plus profond du lac. Son tronc A� trois tA?tes, recouvert da��A�paisses A�cailles, tournoie lentement. Sa langue crochue sa��allonge et se dA�ploie jusqua��A� la berge. Avec douceur, elle crochA?te la��enfant A�vanoui au sol. Et la��on peut voir planer le jeune prisonnier au-dessus des eaux sombres, suspendu, blotti comme un oiseau dans son nid, A�vanoui. Sans tarder, le monstre aux nageoires argentA�es plonge avec son prA�cieux butin et sa��enfonce dans sa grotte souterraine.

AllongA� sur du lichen, la��enfant respire A� peine. La bA?te souffle et souffle encore sur son corps. Ses coups de langue quasi maternels finissent par rA�veiller la��enfant tombA� des nues. Un silence abyssal plane sur la grotte prA�historique. Des torches aux lueurs violettes A�clairent un panorama inattendu. Les yeux de la��enfant na��ont jamais rien vu da��aussi beau ! Les parois sont tapissA�es de curieuses peintures rupestres. Il dA�couvre toutes sortes da��esquisses tracA�es au charbon de bois brA�lA�: une cohorte de chevaux sauvages cavalent, un rhinocA�ros massif A� la corne acA�rA�e charge un bison puis un sanglier, des lionnes attroupA�es pourchassent un chevreuil aux bois ailA�s. La��invitA� croit entendre leur galop et reconnaA�tre mA?me le souffle du bison. Seraient-ce des fragments de roches qui s’effritent sous les pattes puissantes du mammouth ? Et lA� apparaissent des traces de mains, une nuA�e da��empreintes de mains, ocrA�es par le temps, inaltA�rables signatures apposA�es sur la roche argileuse. Un spectacle enchanteur dA�file devant ses yeux A�bahis. Il en est captivA�. Ses craintes sa��apaisent. Suis-je dans un rA?ve? sa��interroge-t-il sans quitter des yeux les fresques animA�es. La prA�sence A� proximitA� du monstre marin l’envoA�te et la��immobilise. Elle ne lA?che pas la��enfant des yeux : rechercherait-elle sa compagnie ? Il frissonne sur sa litiA?re de fortune.

Mais soudain la��imprA�visible bA?te sa��agite. Elle trA�pigne et tourne en rond, visiblement inquiA?te. Un cri strident retentit. Ses pas sa��accA�lA?rent. Une fois encore, la bA?te dA�lie sa langue porteuse et la��enfant est A� nouveau capturA� sans embarras. Il na��ose rA�sister ni bouger tant le regard fulgurant de son ravisseur la��impressionne. Se redressant au cA�ur du lac, la gardienne des lieux soulA?ve et dA�pose dA�licatement le visiteur devant son logis. Une pA?le lueur de jour se lA?ve sur les roches millA�naires. La��enfant restera longtemps tapi sur le sol glacA�, secrA?tement habitA� par les inoubliables figures dA�voilA�es sur les falaises de la taniA?re engloutie. La sentinelle du lac : qui protA�gerait mieux qua��elle IssarlA?s et la grotte aux parois singuliA?res ?

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